Parmi les bonnes lectures de la liturgie pendant ce temps de Carême qui s’approche de sa fin, ce temps de pénitence, de réconciliation et de pardon, se trouve la parabole du fils prodigue, autrement appelée la parabole du père miséricordieux. (Lc 15. 11-32) Les deux titres sont orientés vers deux aspects de l’histoire, l’un vers le fils, son égoïsme, son refus d’aimer tout et tous, sauf lui-même et son plaisir (le pêcheur) et l’autre vers le père qui aime inlassablement tout et tous. C’est Dieu.
Ensemble c’est tout simplement la relation entre les deux.
Il y a aussi le fils ainé : c’est aussi moi, quand je refuse obstinément d’aimer mon frère, ma sœur, l’autre. Je n’aime que moi-même et ma parfaite fidélité à ma propre idée du bon moi.
J’imagine que nous connaissons bien cette parabole. Peut-être que nous la connaissons par cœur. Nous l’avons méditée, partagée, traduite, coupée en morceaux et puis remise ensemble de nouveau. Ce n’est jamais fini – dans les paroles de Jésus nous pouvons toujours découvrir des nouvelles grâces de son Esprit.
J’aimerais partager avec vous sur un seul des quatre dons symboliques (vv.22-23) que le Père a spontanément faits à son fils pénitent : les sandales !
Il ne s’agit pas de la robe, « la belle robe », symbole de protection contre le froid ou la chaleur – mais une protection riche, solide, de grande valeur.
Ce n’est pas l’anneau, en or certainement, mis sur son doigt, symbole d’appartenance à la famille, du rétablissement de la relation entre eux, de l’annulation de la prise de l’héritage (v.12), de la ‘mort’ du Père.
Ce n’est pas le veau gras, le grand banquet festif, plein de joie. « Mangeons et réjouissons-nous ! » (v.23).
Non, ce sont les sandales, ces pauvres petits morceaux de cuir, sans grande valeur mais symboliquement le plus riche de tout. Car le garçon est arrivé pieds-nus. Il n’avait plus les moyens de repartir, de recommencer sa vie de débauche, de s’éloigner de nouveau de sa famille. Comme une voiture sans roues, il était obligé de rester. Le Père le savait bien, mais, au lieu de profiter de cela, il lui donne le cadeau le plus riche de tous : la liberté de rester ou de partir. De choisir d’être retenu uniquement par amour, non pas à cause des moyens, ou de partir. Cent pour cent libre.
Notre Père nous donne la même liberté de choix. Il ne nous impose rien, car il nous a créés à son image : libre d’aimer …. et aussi libres de ne pas aimer.
J’ai dit que c’est moi le fils et Dieu le père. C’est vrai. Mais le vrai Fils du Père, Jésus, est venu partager avec moi son Esprit de miséricorde pour que je sois libre moi-même et que j’accorde une liberté totale à tous d’être proche de moi ou non. Oui, je peux cesser de ressembler à l’un ou l’autre des deux fils et commencer en ce temps de Carême à ressembler au Père. (Mt 5.48).