Une succession pour vivre la Tradition

Le diocèse d’Alger va vivre une succession. Un nouvel archevêque va remplacer l’ancien. Cet évènement qui se renouvelle de temps à autre dans la vie des diocèses nous invite à mieux comprendre ce que l’on appelle la Tradition dans la vie de l’Eglise catholique.

Mgr Jean-Paul Vesco durant la nuit de Noël 2021 à la cathédrale d’Oran

C’est le 27 décembre, jour de la fête de l’Apôtre Jean, que nous avons appris le nom de celui qui nous est envoyé, de celui qui nous est donné, comme archevêque à Alger, Mgr Jean-Paul Vesco.

Je sais grâce à ce que l’on appelle la succession apostolique que se continue ainsi, aujourd’hui, la mission confiée par Jésus aux Douze Apôtres dont l’Apôtre Jean. Le livre des Actes des Apôtres nous rapporte que « les premiers chrétiens étaient assidus à l’enseignement des Apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2, 42). J’aime croire que je vis aujourd’hui à la messe, la même réalité, le même mystère de « la fraction du pain » que celui que célébraient les premières communautés chrétiennes réunis autour des Apôtres. La mission que le Christ a reçu de son Père, mission qui lui est propre, se continue aujourd’hui en ceux qu’il unit à lui pour que se continue précisément ce pourquoi Il est venu et s’est incarné, le don de sa vie. Ce don, et ce don seul, fait l’Église et fait ainsi que l’Église n’est pas un prolongement au Christ, mais le Christ lui-même toujours de plus en plus donné et communiqué. J’aime reprendre cette expression de Mgr Jean-Marc Aveline : « l’Église est un ministère et non une religion. Elle est servante, ministre, de la relation de Dieu avec le monde ». L’histoire de ce service, de ce ministère, constitue ce que l’on appelle la Tradition vivante de l’Église. Les Douze Apôtres, Jésus les a reçus de son Père après une nuit de prière et ce don se continue jusqu’à nous par la succession apostolique. Nous recevons notre évêque. Il n’est pas un leader que le diocèse se serait donné ou aurait choisi. Il est celui que nous recevons pour l’unité de notre Église, unité dont le Christ est l’origine et dont l’évêque est l’humble serviteur. Car l’unité de l’Église, n’est pas le fait d’une constitution, d’un texte, de principes, de valeurs, d’une morale, c’est le Christ Ressuscité, en personne, Vivant aujourd’hui dans son Église.

Ces quelques mots trop rapides peuvent nous aider sur le chemin synodal sur lequel nous sommes engagés. Marcher ensemble, en Église, ce sera toujours manger et boire à la même source, la vie divine qui nous est donnée sous le signe si humble du sacrement du Corps et du Sang du Christ, transmis jusqu’à nous par la succession apostolique. Ainsi par notre évêque nous sommes reliés à la Source christique qui ne cesse de couler dans son Église.

Dans cette Source, nous sommes plongés par notre baptême qui fait de chacune et de chacun d’entre nous, à notre tour, une source capable de donner le Christ. Chaque baptisé peut dire comme Saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Chacun reçoit ainsi, selon sa vocation, c’est-à-dire, selon l’appel reçu, unique pour chacune et chacun, un ministère, c’est-à-dire une manière de vivre le service du Don que Dieu fait de sa vie à tous, à tous nos frères humains. « Certes il y a diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit, diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur, diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous » (1 Co 12, 4). Une Église diaconale est une Église où chaque vocation peut apporter, pour la vie de l’Église et sa mission, un don reçu du Seigneur. L’évêque est l’humble serviteur de la communion fraternelle entre toutes les vocations.

Continuons de prier pour notre nouvel archevêque. Il n’a pas choisi la tâche qui lui est confié. Il l’a reçue du Seigneur à travers la succession apostolique. Il a répondu oui à cet appel. Merci frère Jean-Paul.

+ Mgr Paul Desfarges, archevêque émérite d’Alger.

Église Catholique d'Algérie