Mgr Kurian Mathew Vayalunkal a été quelques années nonce apostolique en Papouasie Nouvelle Guinée, actuellement Nonce en Algérie comment ne pas évoquer avec lui la dernière visite du pape François en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG).
Quelles sont vos impressions de cette visite papale ?
Dès que l’avion Garuda qui transportait le pape François depuis Jakarta, en Indonésie, a atterri à l’aéroport international Jakson de Port Morsby, capitale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, j’ai personnellement prié avec force pour le succès de cette visite apostolique. L’état de santé du Saint-Père, qui a maintenant 87 ans et se déplace en fauteuil roulant, était certainement un sujet de préoccupation pour moi. Bien sûr, je m’inquiétais des difficultés logistiques liées à l’organisation d’un événement aussi grandiose en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ayant travaillé en PNG d’août 2016 à février 2021, je connais très bien la situation du pays et les difficultés d’organisation de cette visite apostolique. En fait, cette visite historique était prévue pour 2020 et tous les préparatifs étaient presque terminés pour cette visite. Mais en raison de l’apparition inattendue de la pandémie COVID 19, nous avons été contraints, à notre grand regret, de reporter l’ensemble du projet de cette visite apostolique.
Durant votre permanence en PNG et lors de vos entretiens avec le pape François vous avait-il évoqué la possibilité de visiter ce pays ?
Je me souviens encore de mes rencontres avec le Saint-Père pendant mon mandat en PNG et il a toujours chéri l’idée de visiter la PNG, parce qu’il savait qu’en s’y rendant, il pourrait toucher le bord du monde/la périphérie du monde. C’est peut-être la raison pour laquelle, au cours de la Sainte Messe célébrée le dimanche 8 septembre 2024, le Saint-Père a déclaré aux plus de 35 000 fidèles rassemblés qu’il souhaitait donner la priorité à l’Église des « périphéries », ajoutant qu’ils pouvaient bien se sentir éloignés de leur foi et de l’Église institutionnelle, mais que Dieu était proche d’eux. Nous pouvions entendre les gens dire : « Le Vatican est loin, nous sommes donc touchés que le Pape soit venu en Papouasie-Nouvelle-Guinée ». Oui, c’est l’exemple parfait d’un berger qui va à la recherche de ses brebis jusqu’aux confins du monde.
La visite du pape à Vanimo sera probablement le point culminant de sa visite en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Comme quelqu’un l’a mentionné, Vanimo est la périphérie des périphéries et sa visite au petit village de Baro, où travaille un groupe de missionnaires argentins, a été vraiment surprenante. Je sais très bien que cette visite à Vanimo était un désir personnel profond du Saint-Père et je suis heureux qu’il ait pu la faire et rendre des milliers de personnes heureuses.
Quelles seront les retombées de cette visite ?
Les retombées de cette visite apostolique sont nombreuses. Tout d’abord, la présence du Saint-Père en PNG a attiré l’attention du monde entier et, pendant quelques jours, tous les médias internationaux ont parlé de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et ont présenté cette terre au monde entier. Par cette visite, le pape François a montré son amour et sa solidarité avec le peuple de PNG et a réaffirmé qu’il n’est pas seulement le pape des riches et des puissants, mais celui de tous, y compris du peuple de PNG. Le peuple de PNG compte pour lui et pour l’Église universelle. Cette visite a donc certainement eu un impact positif.
Lors de ce voyage nous avons pu voir la beauté des différentes traditions, danses, costumes traditionnels etc.Qu’est ce que cela vous a évoqué ?
Un autre impact est la mise en valeur de la beauté, des traditions et du patrimoine culturel de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le Saint-Père a su mettre en valeur la beauté naturelle du pays d’accueil et il a fait de nombreux éloges sur la valeur du patrimoine culturel de la nation. Dans presque tous les événements organisés avec le Saint-Père, les organisateurs ont fait en sorte d’exposer les traditions et la culture sans aucune hésitation et ils ont présenté leurs traditions et leurs coutumes avec beaucoup de fierté. Au cours de mon séjour en PNG, j’ai très bien ressenti cette fierté des gens pour leurs traditions et leurs coutumes, en particulier dans les régions les plus reculées du pays.
Je suis sûr que cette visite apostolique du Saint-Père restera longtemps dans la mémoire des 12 millions de Papouas-Néo-Guinéens et que le Pape touchera le cœur de nombreuses personnes. Cela donnera certainement un coup de fouet à l’Église catholique et de nombreuses personnes seront encouragées à embrasser la foi. Actuellement, le nombre de catholiques est estimé à environ 30 % de la population. L’Église locale peine à les accompagner de manière appropriée, faute d’un clergé suffisant, d’un manque de ressources et d’énormes difficultés.
Je suis convaincu que cette visite arrive à point nommé et qu’elle pourrait encourager les habitants de la PNG à penser davantage à l’amour, au pardon, à la fraternité et à leur unité au milieu de toutes les violences ethniques, des problèmes liés à la sorcellerie, des troubles socio-économiques dans le pays et de l’agitation politique qui a détruit la paix dans le pays pendant plusieurs années.
En observant attentivement les événements qui se sont déroulés autour de cette extraordinaire visite apostolique, je dirais qu’il s’agit vraiment d’un miracle et je voudrais remercier et féliciter tous ceux qui ont travaillé dur pour faire de cette visite un grand succès et un événement mémorable.
Propos recueillis par Didier Lucas