un film sur franz fanon

C’est avec surprise, mais très vite avec bonheur que j’ai accueilli, il y aura bien-tôt deux ans le metteur en scène du film en cours de réalisation sur Franz Fanon. Il venait me voir pour me demander s’il pourrait tourner une scène du film à la chapelle de la Maison diocésaine De plus en découvrant l’archevêché, il a vu de suite que ce serait un lieu propice pour tourner certaines scènes, la descente d’escalier, le bureau de l’évêque… Le style ancien intéressait le metteur en scène J’ai tout de suite été favorable à cause de la personnalité de Franz Fanon dont je suis heureux et était heureux que l’on fasse un film. D’origine martiniquaise, il a été nommé entre décembre 1953 et janvier 1957 comme médecin-chef de l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville. Il sera un ardent défenseur de la cause algérienne et a pris le contre-pied d’une psychiatrie colonialiste au regard méprisant sur ceux que l’on appelait les indigènes Désireux d’aider les malades de l’hôpital à garder leurs repères sociétaux, à l’approche de Noël, Franz Fanon a invité un prêtre à venir célébrer la messe de Noël dans la chapelle de l’hôpital. C’est pour mettre en valeur cette initiative que le metteur en scène cherchait une chapelle pour le tournage Empêché de commencer de suite le tournage, tout a été reporté à l‘après Covid La Maison diocésaine étant en travaux, c’est à notre Eglise de Blida que s’est fait le tournage. Le metteur en scène m’a aussi demandé si j’acceptais de jouer le rôle du curé et j’ai accepté de suite. Je n’avais pas trop à me forcer pour jouer ce rôle et en plus pour la messe de Noël ll fallait aussi quelques religieuses qu’il n’a pas été trop difficile de trouver. J’avais mis de côté la soutane de curé du Père Teissier et le Père Jean m’a trouvé dans les trésors de la cathédrale, une chasuble d’époque et un vieux missel pour dire quelques mots en latin. Nos Sœurs ont été merveilleuses dans leur tenue d’époque. Elles avaient aussi un rôle important pour soutenir le chant de Noël : Il est né le divin Enfant, avec les paroles de l’époque. L’équipe du tournage a été surprise du naturel avec lequel je jouais un rôle de curé. De fait, je n’avais pas l’impression de jouer un rôle mais de le vivre. Notre frère Daniel, sollicité pour jouer le rôle d’un officiel, a excellé au dire de tous. Il a tourné dans une maison qui appartient à la famille Franz Fanon à côté de l’hôpital Enfant de Blida, il était aussi bien à l’aise Les spectateurs jugeront même si nous n’apparaîtrons que quelques minutes dans les scènes tournées C’est un film en noir et blanc qui je crois n’est pas très long. J’ai aimé participer à l’ambiance d’un tournage avec les nombreuses reprises de la même scène J’ai assisté aussi au tournage dans les locaux de l’archevêché, bien adapté au milieu du nombre important de techniciens, chacun ayant un rôle bien précis pour ajuster le son, l’image, les cadrages etc. Certains auront peut-être envie de lire ou relire un livre célèbre de Franz Fanon : Les damnés de la terre Il y rapporte des souvenirs lorsqu’il passa ses premiers quatre mois en Algérie servant dans l’armée française, entre autre cette scène où il décrit l’attitude avilissante de soldats français jetant des morceaux de pain à des enfants affamés, au regard plein de rage.Le film devrait sortir dans quelques mois.

+Père Paul

Extrait de « Rencontres » Novembre 2022

Église Catholique d'Algérie