Témoignage en direct d’Alep (Syrie)

15 février

Ces derniers jours, j’ai fait quelques tours dans la ville pour réaliser la catastrophe suite au tremblement de terre du 6 février qui a touché la Syrie et la Turquie. J’ai pénétré surtout les quartiers populaires déjà gravement touchés par la guerre. La situation est vraiment dramatique : des milliers de personnes ont abandonné leur maison, soit sous l’effet du choc, soit parce que leurs résidences sont vraiment en danger de s’effondrer, ou complètement .Ces familles entières, femmes avec enfants et nourrissons, personnes âgées, se dirigent vers les écoles publiques et privées, vers les mosquées et les églises. Ces refuges fournissent aux nouveaux invités de ce drame des couvertures, de la nourriture et des médicaments… L’aide vient des ONG chrétiennes et musulmanes, et du Croissant-Rouge. Beaucoup de générosité de la part des jeunes surtout, pour soutenir, aider, distribuer le nécessaire, accompagner les sinistrés… Les besoins sont énormes, et ce qui arrive ne suffit pas à les combler.

Outre ce triste panorama, il y a beaucoup de travail pour soulever les décombres avec des équipements rudimentaires ( suite aux sanctions internationales) et donc grande difficulté pour sauver les âmes qui peuvent encore être là, en plus de l’énorme travail pour renforcer la structure des bâtiments en danger de effondrement.

Toute la journée on entend les sirènes des ambulances qui vont au secours des gens de la ville.

C’est donc une émergence difficile à gérer, et nous nous retrouvons souvent impuissants, après 12 ans de conflit, nous espérions quelques joies, quelques espoirs pour un avenir meilleur… Les gens sont fatigués, beaucoup quittent la ville, et ceux qui peuvent quitter le pays parce que le désespoir est à son apogée.

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Nous, impliqués dans les mouvements apostoliques, les ONG, dans le scoutisme, continuons malgré tout à aller de l’avant, à espérer contre tout espoir, et à le semer autour de nous, nous comptons beaucoup sur vos prières, et votre soutien. Si de votre côté vous vivez et travaillez pour un monde meilleur et pour la fraternité universelle, nous ferons de même. Nous sommes une famille planétaire.

Robert (Focolare Alep)

Voici ce que l’on dit ces jours-ci : « Après la guerre et la famine que nous vivons depuis des années en Syrie, il ne manquait plus que le tremblement de terre ». Avec les secousses telluriques de ces derniers jours, nous avons presque atteint la limite de notre endurance. En Syrie, le tremblement de terre a particulièrement touché les régions d’Alep, de Latakkia, de Hama et d’Idlib. Des sources locales rapportent qu’à ce jour, 8 février, environ 70 bâtiments se sont effondrés dans tout le pays (35 pour la seule ville d’Alep) et le nombre de victimes est très important, plus de deux mille morts. Durant les deux jours qui ont suivi le séisme, les gens ont dormi dans les rues sous la pluie et dans le froid, dans les voitures et dans les rares abris de fortune. On respire la peur de rentrer chez soi car de nombreux bâtiments peuvent encore s’effondrer car ils ont été partiellement touchés pendant la guerre. Les gens n’ont pas dormi ici depuis deux jours à cause des nombreuses répliques qui ont continué jusqu’à aujourd’hui.
Depuis trois ans que je suis en Syrie, j’ai appris à apprécier l’énorme capacité de ce peuple, que j’aime et estime tant, à supporter la dure situation qu’il a dû subir à cause de la guerre, une sale guerre contre les civils et manigancée par des puissances étrangères. Malgré la dureté de la situation, ancrés dans une solide foi en Dieu, beaucoup parviennent encore (et je parle ici de la situation avant le tremblement de terre) à donner de la joie autour d’eux, une sorte de paradoxe que l’Occident et la société du bien-être ont peut-être du mal à comprendre. Ici, les relations sociales sont chaleureuses, les gens s’entraident, les vols sont rares ou inexistants, les enfants sont formés avec des valeurs solides et la solitude trouve peu de place.

Les nombreuses églises locales travaillent avec un grand engagement et une synergie croissante pour soulager la souffrance de la population. Les églises et les mosquées ont ouvert leurs portes pour accueillir les gens après le tremblement de terre. La générosité et l’amour concret de nombreux Occidentaux au grand cœur nous aident à continuer à croire en un avenir meilleur ou à survivre dans le présent.

Les nombreuses églises locales travaillent avec un grand engagement et une synergie croissante pour soulager les souffrances de la population. Les églises et les mosquées ont ouvert leurs portes pour accueillir la population après le tremblement de terre. La générosité et l’amour concret de nombreux Occidentaux au grand cœur nous aident à continuer à croire en un avenir meilleur ou à survivre dans le présent.

En plus d’être impliqué (avec d’autres) dans de nombreuses activités de formation humaine et spirituelle et d’accompagnement des jeunes, je travaille dans le domaine de la planification des programmes d’urgence et de développement. L’année dernière, parmi les nombreuses activités dans les domaines de l’éducation, de la santé et des urgences pour les personnes âgées, les familles, les jeunes et les enfants menées par le mouvement des Focolari (notamment par le biais de l’ONG Azione Per Mondo Unito Onlus – AMU), nous avons pu mettre en place 30 activités génératrices de revenus à Homs (détruite à plus de 60 % pendant la guerre) et nous concluons ce mois-ci 20 nouveaux projets à Alep. Il y a des expériences fortes pour essayer d’apporter de l’espoir aux gens par le simple fait de restaurer la dignité par le biais d’une activité professionnelle perdue pendant la guerre. Bien que l’on puisse difficilement parler d’espérance ici, elle peut être générée par des actions concrètes de soutien et de proximité avec ceux qui souffrent et sont désespérés. L’espérance chrétienne me fait croire que des jours meilleurs viendront, même si le contexte montre le contraire ; malheureusement, le nombre de ceux qui croient encore en un avenir meilleur diminue de jour en jour.

Domingos (Focolare Alep)

Église Catholique d'Algérie