Sur les pas d’Augustin

Le 17 mai, au cours d’une journée d’études organisé au Centre national de recherche en préhistoire, anthropologie et histoire (CNRPH), situé dans l’enceinte du musée du Bardo à Alger, Sabah Ferdi, Directrice de recherche au Centre national de recherche en archéologie (CNRA), a donné une conférence sur les voyages de Saint Augustin, conférence dont elle a adressé écrit le résumé suivant

L’Augustin qui nous accompagne au cours de cette conférence, c’est l’homme aux nombreux voyages et aux longues absences, déployant une intense activité, au-delà de sa ville épiscopale (Hippo-Regius, l’actuelle Annaba) et de s

Document cartographique III ème siècle après Jésus Christ

on diocèse.

Dans cette Numidie algérienne où Augustin naquit, grandit et officia, à cheval sur le IV° et le V° siècle, un environnement pluriculturel, élaboré depuis les siècles, lui servait d’univers exceptionnellement riche. Augustin concerne l’Algérie d’aujourd’hui, non seulement par les lieux où il vivait, par les évènements de notre région qu’il avait v écus, par la latinité africaine qui était sa culture et par le christianisme africain qui était sa foi, mais parce qu’il était, tout autant, l’homme de l’enracinement dans la

Numidie de son époque, qu’à partir de là, l’homme du rayonnement sur l’univers contemporain, et ensuite sur le monde entier.

Le témoignage que donne Augustin de sa propre existence – une existence qui se déroule sous

Fontaine antique de Mila

le signe de l’itinérance, de la piété et du questionnement le conduisait sur les routes d’Afrique et au-delà –

« Sites, lieux et itinéraires… » est d’abord une façon de l’accompagner dans ses différents déplacements et visites. A cet égard, c’est une sorte de guide touristique pour voyager avec lui selon les moyens de l’époque à travers un vaste territoire compris, d’une part, entre la bande littorale depuis la baie d’Hippone (Annaba) à l’est jusqu

Site d’Hippone

’au cap Tenès (l’antique Cartenae) à l’ouest et, de l’autre, dans les hautes plaines telliennes jusqu’aux abords du pré-désert.

Dans cette perspective, je me propose de faire revivre, au moyen, de ce diaporama, les traces matérielles des cités, lieux, voies antiques parcourus par Augustin au cours de ses différents déplacements dans son pays natal. Mon but est de proposer des itinéraires et de faire visiter, de façon suggestive, le milieu au sein duquel a vécu le saint d’Hippone. Il est aussi de présenter ce milieu sous l’angle du voyageur qui a sillonné toutes les routes de l’Afrique chrétienne et au-delà jusqu’à Rome et Milan.

Le thème de la route et du voyage s’irise à la lumière de l’œuvre littéraire d’Augustin. Les voyages sur terre occupent une place importante dans sa vie. Pour suivre et illustrer le parcours d’Augustin dans sa patrie natale, j’invite l’assistance à quelques pèlerinages sur les lieux mêmes parcourus ou visités par l’illustre évêque, à l’aide de repères archéologiques que l’on peut encore identifier dans le patrimoine archéologique de l’Algérie d’aujourd’hui.

En tous cas, même si la culture d’Augustin n’est plus exactement la même que celle de l’Algérie d’aujourd’hui, il est des choses qui, elles, n’ont pas changé ; les terres, les couleurs, les odeurs, les paysages, les horizons, en un mot la nature.

 La suite de l’article a été rédigée à partir de notes prises pendant la conférence et illustrée par les photos présentées par l’auteur.

Né à Thagaste (Soukh Ahras) en 354, Augustin est nommé évêque d’Hippone en 395.

Nous connaissons les voyages de St Augustin à travers ses écrits : le thème du voyage est important dans sa vie. Mais comment voyageait-il ?

Il existait à l’époque romaine, en Afrique du Nord, un vaste réseau routier réalisé pour des raisons stratégiques et économiques. On dispose d’une carte antique de ce réseau :

Comme on le voit sur la carte antique, ce réseau était ponctué de stations petites, ou grandes avec thermes.

En 1949, un archéologue, Pierre Salama, sur la base des très nombreuses bornes milliaires (les distances étaient mesurées en milles), retrouvées sur le territoire algérien, a pu établir une carte de l’état de ce réseau à la fin du IIIème siècle.

Voies Romaines d’Afrique du Nord

 

Augustin se déplaçait beaucoup, sur une jument ou dans la charrette du cheval de poste, aussi bien dans son diocèse qui était un des plus vaste d’Afrique du Nord, que vers d’autres lieux.

Les controverses avec les évêques donatiste furent apparemment à l’origine de nombreux déplacements d’Augustin. Les plus longs voyages connus sont ceux qui l’ont mené à Césarée (Cherchell) en passant par Tipasa, pour une controverse avec un évêque donatiste (lettre 193), le voyage s’étant probablement poursuivi jusqu’à Ténès ; et vers Carthage, en 427, soit trois ans avant sa mort à l’âge de 76 ans, pour un concile avec le Primat d’Afrique Aurélius (lettre 229).

La carte ci-après dessine l’essentiel de ces voyages.

Les voyages de St Augustin : itinéraires

Certaines des destinations de l’évêque n’ont pas été identifiées ; un travail de recherche mené actuellement par Sabah Ferdi avec un spécialiste des images satellitaires est en cours pour situer ces agglomérations.

Chaque ville traversée a été l’occasion pour la conférencière de nous la présenter et d’en projeter diverses images des vestiges romains que l’on peut y découvrir.

Un beau voyage qu’elle nous conseille de faire à notre tour.

Marie-France Grangaud

12 Juin 2021 | A la une, Actualités, Société

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