Au centre Dar es Salam de Tlemcen, cinq jeunes couples algériens, tous musulmans et mariés récemment, ont pu suivre en présentiel une formation sur le thème : « Des différences à la construction de l’accord ».
Comment aborder cette nouvelle vie à deux en sachant que l’on part de traditions familiales et de manières différentes de vivre la religion! Que ces jeunes mariés, qui plus est tous « tlemcéniens », s’expriment sur leurs difficultés au quotidien pouvait tenir du miracle!
Fouzia et Fayçal, mariés depuis 27 ans ont accompagné ces jeunes couples à travers leurs témoignages au quotidien et de leurs expériences, éclairant ainsi beaucoup de zones d’ombre. « La première année, c’est très difficile » disait un des couples et nous voilà projetés dans les méandres des différences : c’est le principal obstacle au départ. Des différences dues à de nombreuses causes : la famille, le vécu personnel, la façon d’être en tant qu’homme ou femme, la tradition religieuse etc. Ce fut l’occasion de parcourir quelques-unes de ces difficultés en y apportant un peu de lumière.
Autant d’obstacles qui peuvent se transformer en atouts si on sait bien les aborder, mais comment ? Aimer est aussi un art comme le dit Erich Fromm psychanalyste allemand. Chiara Lubich développe cet « art d’aimer » qui consiste à « aimer en premier », à « aimer l’autre comme soi-même », à « se faire un » avec lui en essayant de ressentir ce qu’il éprouve, à « aimer Dieu dans l’autre », à « aimer tous », même la belle famille ! Des concepts bien connus des chrétiens mais valables aussi pour tous. Les échanges qui ont suivi l’ont bien démontré. « Il ne m’écoute pas quand je veux lui parler », « il rentre du travail et n’a rien à me dire », « il a vraiment beaucoup de patience avec moi », « elle est très exigeante sur le rangement dans la maison », « il ne me dit rien de son travail » « on n’arrive pas à trouver le temps de se parler » etc. Un grand débat s’est ainsi ouvert sur l’influence familiale souvent négative et la nécessité de prendre de la distance.
Crises
On a aussi abordé la question des crises : comment les détecter, comment y remédier ? Une chose s’avère importante : trouver le bon moment pour en parler à deux, afin de de mieux s’expliquer et de pratiquer la patience. Fouzia et Fayçal sont aussi passés par ces étapes et ont pu donner des exemples concrets montrant ainsi que rien n’est acquis, l’expérience aidant à plus de recul sur les différents évènements.
Ateliers
Dans le cadre verdoyant du centre, tout invite au partage et au recueillement et c’est bien le lieu pour un atelier : chaque couple se retrouve en tête à tête pour répondre à des questions du genre : fidélité et pardon, gestion de l’argent, loisirs ensemble ou pas, apprendre à écouter etc. Chacun échange à tour de rôle pendant trois minutes sur ces sujets. Après ces moments intimes, pas de larmes de tristesse mais plutôt des visages rayonnants montrant le bénéfice de ces instants. « On n’aurait jamais fait cela si ce n’était dans ce cadre », confiait un des couples.
Chez les chrétiens la préparation au mariage est presque une habitude, ce qui n’est pas le cas chez les musulmans, ce qui n’a pas manqué d’être relevé par les participants.
« À quand le prochain week-end ? » se disaient les jeunes à la fin de cette formation ? Un autre week-end est déjà programmé pour la rentrée. En attendant ils vont se dire au quotidien « s’il te plaît, merci, pardon », comme le conseille le pape François …
Didier Lucas