Session des aumôniers de prison 2022

On sait que l’État algérien favorise l’aide spirituelle aux prisonniers chrétiens en agréant chaque année une soixantaine d’aumôniers de prison (hommes et femmes) des quatre diocèses d’Algérie. Ce nombre, qui peut sembler important, tient compte de l’étendue du territoire, étant donné que certains d’entre nous doivent parcourir des centaines de kilomètres, souvent en transport en commun, pour rencontrer leurs paroissiens. L’aumônerie des prisons organise donc chaque année une session interdiocésaine de formation et d’échange d’expériences. Celle de cette année s’est tenue du 18 au 20 février à la maison diocésaine d’Alger. Elle réunissait une trentaine d’entre nous. Toujours les mêmes difficultés de déplacement !

La première matinée était réservée aux « nouveaux », certains encore en attente de leur agrément, pour leur donner quelques renseignements pratiques sur leur mission.

L’après-midi nous faisait entrer dans l’expérience spirituelle que constituent nos visites, par le témoignage de deux d’entre nous, avant plusieurs échanges en carrefours sur nos expériences, questionnements et difficultés. 

Le samedi matin nous offrait d’approfondir les racines spirituelles de nos rencontres avec un exposé de Jean Toussaint à partir de la certitude qui nous vient spontanément lors de notre chemin vers la prison : « J’étais en prison et vous m’avez visité. »(Mt 25,36)

Je retiendrai particulièrement :

  • La prison comme résonance et lieu de vérification de la Parole de Dieu ;

  • La prison comme lieu de la Croix au pied de laquelle nous avons à nous tenir debout ;

  • La prison comme laboratoire d’Église à cause des appels spécifiques qu’elle nous adresse ;

  • Notre visite comme ministère malgré la conscience de notre faillibilité.

Les échanges spontanés entre nous ont aussi été riches en certitudes ou questionnements : 

  • Nous avons le devoir de rendre compte à l’Église de l’expérience des et avec les prisonniers.

  • La visite en prison comme une eucharistie. « Le jour de votre visite, même si je ne mange pas, je suis heureux.«  dit l’un des prisonniers.

  • Comment les faire entrer dans la démarche de synodalité ?

  • Avantage de visiter en binômes avec la complémentarité entre un homme et une femme.

  • Lucidité nécessaire sur nos parts d’ombre.

  • Pardon de Dieu (prononcé par qui ?) et pardon des hommes.

  • Relire nos visites méthodiquement (de leur préparation jusqu’à leurs prolongements)

Le samedi après-midi nous a permis de rencontrer un avocat. Plus que les précisions juridiques qu’il a pu nous apporter sur les possibilités d’une libération conditionnelle, c’est l’enracinement de son travail d’avocat, et donc du témoignage qu’il nous donnait, dans sa foi de musulman qui nous a impressionnés. Merci à lui.

C’est peu de dire que nous sommes repartis fortifiés de cette session, mieux ré-envoyés en mission.

Que cette certitude nous encourage pour participer à la session de l’an prochain, malgré les distances à parcourir.

Merci aussi à l’équipe organisatrice, aumôniers nationaux et diocésains, qui en plus de l’encouragement spirituel doivent aussi assurer la partie administrative des relations avec l’administration centrale des prisons et de la réinsertion.

Jean-Marie JEHL

Église Catholique d'Algérie