Saint Augustin et le Concile de Nicée

On 20 May 325, the Council of Nicaea opened, and we recite its Creed on Sunday (or Friday) Mass. Bernard Jobert, former parish priest of Skikda (2015-2018) and Canon Regular of Saint Augustine, tells us how Saint Augustine professed and taught the Christian Faith in the terms expressed at Nicaea.

Né une trentaine d’années après le Concile, à 2 500 km de Nicée, Augustin a-t-il connu les décisions et proclamations si essentielles qui y ont été promulguées ? Ou, en formulant un peu différemment la question, comment les actes de ce concile œcuménique ont-ils été reçus dans l’Église de la province d’Afrique 80 ans plus tard ?

C’était ‘’la foi de nos pères’’ qui avait été explicitée à Nicée, et elle était partagée dans toute la chrétienté, mais il fallait justement combattre les hérésies qui la défiguraient. À Milan, en 374, une grande foule tumultueuse de chrétiens et d’ariens était réunie après la mort de l’évêque Auxence, notoirement arien. Le retour à l’ordre s’imposait et le gouverneur Ambroise, encore catéchumène, prononça un admirable discours pacificateur. Un enfant s’écria alors : « Ambroise évêque ! » et une immense clameur reprit ce cri. Les évêques voisins et l’empereur acceptèrent, et au cours de la même semaine, Ambroise fut baptisé, puis ordonné successivement prêtre et évê

Saint Ambroise évêque malgré lui

que. Par la suite, dans l’introduction de son De fide, il s’appuya sur la foi des Pères conciliaires. Les controverses continuèrent, encouragées par certains empereurs ariens. En 386, Ambroise fut même assiégé avec ses fidèles dans sa cathédrale.

L’année suivante, il baptisa Augustin qui, après son baptême, retourna en Afrique. Ordonné prêtre dès 390, il prononça, en 393, devant les évêques réunis au Synode d’Hippone, un discours sur la foi dans lequel abondent les allusions au symbole de Nicée. Augustin évêque a certainement connu et utilisé la formule primitive de la foi nicéenne, bien qu’il ne l’ait jamais citée explicitement. Il enseignait à partir d’une formule de foi reçue et vérifiée par le témoignage de la Bible. Nous remarquons combien il aimait à confesser la foi en des termes qui lui étaient propres, moins techniques et plus compréhensibles pour les gens du peuple. Il donnait toujours la première place aux Écritures Saintes, alors que les nombreux synodes locaux mettaient souvent du temps avant de trouver les formules les plus fines, et que ses nombreux correspondants faisaient appel à lui pour clarifier les questions difficiles.

Tout au long de sa vie, Augustin a défendu l’Eglise et la foi juste. Dans ses écrits, on trouve à de nombreuses reprises des formulations proches de celles de Nicée. Par exemple, au début de son De Genesi ad litteram, écrit en 393, il déclare que « le Père a créé de rien toutes les choses par son Fils unique, consubstantiel et coéternel à lui, dans l’unité de l’Esprit Saint, également consubstantiel et coéternel à lui », etde même en 396 dans le De agone Christo, il dit de « ne pas écouter ceux qui disent que le Fils n’est pas né du Père, mais est fait de rien par lui, et il y avait un temps où il n’était pas… » (allusion à l’hérésie arienne).

Un de ses ouvrages majeurs, le De Trinitate, est une longue recherche qui dura dix-sept ans. Augustin explicite de manière théologique et biblique la foi en Dieu Un en trois Personnes égales et distinctes. Au livre Ier, il annonce qu’il veut justifier l’affirmation : « La Trinité est un seul et vrai Dieu, et il est tout à fait exact de dire… que le Père, le Fils, le Saint-Esprit sont d’une même substance ou essence ». Ses longs développements nous sont précieux pour découvrir comment il méditait, cherchait, trouvait, voulait exprimerle plus clairement possible ce mystère dont les baptisés vivent !

 

P. Bernard JOBERT

(article paru dans l’Escarboucle, revue des Chanoines réguliers de Saint-Victor, mai 2025, n°41 ; et dans l’Echo de Constantine et Hippone de juin 2025)

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