Du 22 février au 19 mars 2024 j’étais en mission en Algérie dans le cadre de mon service de première responsable de ma congrégation. À ce titre j’ai effectué la visite canonique de mes Sœurs et vécu quelques rencontres. Toutes ces activités m’ont offert l’occasion de découvrir les capitales régionales et sièges des quatre diocèses : Alger, Oran, Constantine, Laghouat-Ghardaïa, mais aussi des localités comme Beni Isghen, Tizi Ouzou, Anaba, Skikda et le monastère de Tibhirine. A la fin de mon séjour il m’a été demandé de livrer un bref témoignage sur l’Eglise en Algérie. C’est donc avec joie et reconnaissance que je fais ce partage tout en gardant une vive conscience d’une personne au regard extérieur.
Dans toutes les localités où je suis passée, j’ai partagé avec joie les réalités concrètes des diocèses.
À Alger, ce fut l’AG de la COSMADA ainsi que ma participation à la rencontre 2024 des aumôniers des prisons (comme témoin). J’ai eu également la joie de participer aux célébrations eucharistiques quotidiennes et dominicales les vendredis à la maison diocésaine ou à la paroisse d’El Biar. Mon séjour algérois a été marqué aussi par des rencontres d’ordre pastoral avec l’archevêque Mgr Jean-Paul Vesco, le directeur des Glycines, le père Guy Sawadogo, tous collaborateurs de mes Sœurs. À Constantine, la visite à mes sœurs dans leurs lieux de service pastoral m’a donné l’occasion de rencontrer leurs premiers collaborateurs, Mgr Nicolas Lhernould et père Michel Guillaud.
Oran, Ghardaïa et Beni Isghen furent des moments forts pour moi en termes de rencontres d’amitié et de communion dans la foi et l’espérance avec Mgr Davide Carraro et John MacWilliam.
Durant ces différentes rencontres de travail et d’échanges, voici ce qui a retenu mon attention sur l’Eglise en Algérie :
- Une Église petite, mais au cœur universel, riche par les différentes provenances de ses membres, forte en espérance. La foi forte de ses chrétiens composés d’Algériens et d’étudiants/es subsahariens ; cela mérite d’être souligné car cette foi m’a beaucoup interpellée dans les motivations de ma propre foi de religieuse vivant dans une église au Burkina où les baptêmes sont nombreux chaque année.
- Une Église caractérisée par la volonté de comprendre sa mission dans les nouvelles réalités sociopolitiques algériennes.
- « Une Église confessante mais non prosélyte ».
- Une Église marquée par la convivialité, la connaissance mutuelle entre prêtres, religieux/ religieuses et laïcs, ainsi que le partage des réalités pastorales.
- Une communauté chrétienne marquée par la proximité et la simplicité entre évêques et leurs collaborateurs les agents pastoraux ainsi que les laïcs/ques.
- Enfin, le dénominateur commun que je trouve au niveau des pasteurs et leurs collaborateurs dans les différents diocèses est : l’amour pour les Algériens et l’Algérie, et l’amour pour les personnes en situation de vulnérabilité. J’ai remarqué l’amour des agents pastoraux pour les Algériens et de l’Algérie dans leur façon de parler du pays et de ses habitants ainsi que des Musulmans, majoritaires dans ce pays. L’engagement des prêtres, religieux et religieuses aux côtés des étudiants, des migrants et des prisonniers est un témoignage évangélique remarquable. Par ailleurs, j’ai compris qu’on va en mission en Algérie pour de longs séjours ; l’assumer par la grâce de Dieu est un signe d’amour pour l’Algérie.
J’aimerais terminer mon propos en remerciant tous ceux et celles que j’ai rencontrés durant mon séjour. Mon contact avec l’église en Algérie renforce en moi la conviction de la communion des saints. Je me permets d’exprimer mon sentiment de gratitude au peuple algérien à travers deux visages et un événement : le taxi man Mozabite qui m’a conduite d’Alger à Ghardaïa. Il m’a laissé voir le respect et la générosité des Algériens. Le deuxième visage inoubliable est celui de Amira. À la gare de Constantine où je suis arrivée d’Alger avant mes Sœurs qui venaient me chercher, surgit d’un taxi, une inconnue qui avait remarqué ma difficulté à me faire comprendre parce qu’étrangère dans la ville et en entretien avec des jeunes taximen. C’était AMIRA, mon ange gardien. Sans tarder elle me demanda mon besoin, le numéro de téléphone de ma consoeur en route et appela cette dernière pour la rassurer. À travers Amira, je garde un très bon souvenir des femmes algériennes que je trouve bien jolies et généreuses. Enfin, l’événement qui m’a touchée est celui-ci : durant mon voyage sur Ghardaïa, notre véhicule a été invité plusieurs fois à nous arrêter pour le partage du repas du Ramadan après le coucher du soleil. Ce fut dans une ville avant Laghouat que nous avons accepté l’invitation. Avec ma consoeur et d’autres voyageuses musulmannes, nous avons pris part à la chorba et même à un bon repas servi dans une salle par des jeunes généreux ; les hommes étaient dans une autre salle à eux.
Que Dieu bénisse l’Algérie, les Algériens et l’Eglise en Algérie, pour toutes les merveilles qu’il nous donne de partager ensemble.
Sœur Jeanne KANYALA, SAB