Randonnée, randonnée, voilà bien une activité très à la mode dans nos contrées.Il y a de plus en plus de groupes de randonnée un peu partout. Dans le diocèse d’Oran, ces randonnées sont en marche depuis plus de 10 ans.
Cette fois-ci, la randonnée est prévue dans le village de Hennaya, près de Tlemcen. Les obstacles administratifs pour sa mise en place sont nombreux, mais rien n’arrête une équipe qui a acquis beaucoup d’expérience au fil des années. En cette fin de novembre, la température avoisine les 26-27 degrés, avec, en plus, un petit vent de sable pour pimenter les réjouissances.
Au lieu de rendez-vous près du stade de Hennaya, deux bus et quelques voitures arrivent avec pas mal de retard, en raison des vérifications effectuées par les autorités le long de la route entre Oran et Tlemcen. Mais personne ne semble affecté par ce retard, et voilà que débarquent des familles avec enfants, des jeunes, des adultes – un groupe très hétérogène mais bien décidé à aller de l’avant. Le guide d’aujourd’hui est une famille d’Hennaya. Bien que madame n’ait aucun sens de l’orientation, on se fie à ses habitudes de randonnée régulières dans la région.
Nous voilà au milieu des oliviers et des orangers, en route vers une destination inconnue. La plupart des marcheurs sont des habitués et se connaissent, alors, lorsqu’il y a des visages nouveaux, on est facilement abordé. « D’où venez-vous, monsieur ? » Et la conversation commence. C’est ainsi que j’apprends que ce qui attire ces personnes à randonner, c’est la convivialité, la découverte de la nature, de l’histoire du pays et de ses richesses. Houria, ancienne chauffeur de taxi, raconte : « Je viens pour rencontrer de nouvelles personnes, découvrir mon pays et faire un peu de sport pour me maintenir en bonne santé. »
Le groupe, composé d’une centaine de personnes, s’étale au milieu de la campagne d’Hennaya. Il est nécessaire de faire une petite pause afin que le groupe se rassemble et ne perde personne. Nous traversons des villages sous les yeux écarquillés des habitants ; les jeunes garçons s’arrêtent de jouer, et comme c’est vendredi, lorsque nous passons devant la sortie de la mosquée, c’est la stupéfaction !
Bientôt, il est l’heure de pique-niquer, et un champ d’oliviers nous accueille pour nous protéger des rayons du soleil. Ce ne sera pas seulement un pique-nique, mais aussi une sieste. C’est après une heure de pause que le groupe repart. Mais qui organise ces haltes et tout le reste ? Sur nombre de mes questions sans réponse, on me dit de demander à César, voilà bien le personnage central. César est d’origine espagnole, grand, costaud, affable, membre de la congrégation des frères Maristes, spécialisés dans l’éducation des jeunes.
« Quand je suis arrivé en Algérie en 2008, je donnais des cours d’espagnol et je cherchais comment être plus proche de ces jeunes étudiants et les mettre ensemble autrement qu’à travers l’étude de l’espagnol. C’est ainsi que nous avons commencé, en 2008, avec ces étudiants d’espagnol, en allant chercher des champignons dans la forêt de Cap Blanc, près d’Oran. »
« Durant ces années, nous avons fait connaissance avec des centaines de personnes, environ 700 participent à nos activités, et je dois avoir plus de 200 itinéraires différents que nous refaisons régulièrement tout en ajoutant de nouveaux parcours chaque année. Chaque vendredi, nous avons une moyenne de 140 personnes. Il y a aussi des jeunes qui se sont rencontrés lors de ces randonnées et qui se sont mariés. »
Les randonnées de César et de son complice Andrés ne s’arrêtent pas là. Ils organisent aussi des sorties sur les plages d’Oranie, qui n’ont plus de secret pour eux.
Et à propos de la discipline et des comportements, comment cela se passe-t-il ? « Les personnes qui viennent avec nous connaissent l’esprit de notre groupe et adoptent les attitudes en conséquence. Pas de problèmes. »
Avez-vous de nouveaux projets ? « La création d’un grand groupe disposé à partager, à marcher et à s’amuser ensemble. Nous avons commencé l’été dernier, où nous avons organisé quelques activités avec une participation de plus de 500 personnes de tous âges : familles, jeunes, personnes seules, étrangers… Puis, au début de juillet, une grande soirée à Santa Cruz et, en août, une journée à la plage. Maintenant, nous essayons de contacter d’autres groupes dans d’autres villes. »
Didier Lucas