Que nous soyons unis les uns aux autres !

Avec l’arrivée du couple Jeanne et Louis, l’image de la famille se renforce dans la vie du diocèse de Constantine. Chaque personne qui arrive, diversifie les potentialités et redonne un élan de renouveau, une ardeur créative d’une manière ou d’une autre. Voici leur témoignage !

Interview

R.S. : Que pouvez-vous nous dire de vous pour bien vous présenter aux lecteurs ? Qui êtes vous ?

Louis & Jeanne : Nous sommes Louis et Jeanne Levesque, un couple français, arrivé à Constantine en janvier 2023. Nous sommes mariés depuis 7 ans. Nous habitions près de Bordeaux depuis notre mariage avant de venir ici pour deux ans. Louis est ingénieur et travaillait chez EDF (Electricité De France) dans une centrale nucléaire. Jeanne est professeur des écoles.

R.S. : Vous appartenez à un organisme qui s’appelle Fidesco? Pouvez-vous en dire plus ?

Louis & Jeanne : Nous avons été envoyés par Fidesco qui est un organisme catholique de solidarité internationale créée il y a un peu plus de 40 ans. Sa raison d’être est d’envoyer des volontaires pour deux ans dans le monde pour mettre leurs compétences au service des Eglise locales, à la demande des évêques. La devise de Fidesco est « Va, rends les autres heureux et tu connaîtras la joie ».

R.S. : Quand et pourquoi avez-vous connu, décidé de partir comme volontaires ?

Louis & Jeanne : Notre réflexion s’est faite chacun à un moment différent, mais nous avons réellement posé notre choix en mai 2022, pensant partir un an après, ce qui nous laissait le temps de mûrir la réflexion et de nous préparer au départ. Plusieurs raisons nous ont invités à cet engagement. Tout d’abord, nous souhaitions pouvoir nous mettre au service ensemble, afin de répondre à notre vocation de couple de donner de l’amour autour de nous et ensemble, portés par un même élan. Louis sentait également que le temps s’accélérait dans une forme de routine et cherchait à être acteur de quelque chose de plus grand, qui le sorte de cet engrenage. Enfin, nous souhaitions vivre davantage d’abandon en nous laissant conduire sur notre lieu de mission, en acceptant une vie plus sobre, en nous détachant de ce qui faisait notre quotidien, tant au niveau matériel que relationnel.

R.S. : Comment s’est passée exactement la procédure pour arriver à Constantine?

Louis & Jeanne : Ça a été long !  😉 Avec Fidesco, nous avons d’abord pris un long temps de discernement qui s’est terminé fin mars 2023 par notre « oui » à la mission et l’acceptation réciproque de Fidesco de nous envoyer.

Ce n’est que fin mai que nous avons appris que nous étions envoyés à Constantine (nous ne choisissons ni le lieu, ni nos missions professionnelles). Nous avons alors engagé les procédures administratives, et notamment la demande de visa. Nous avons ensuite participé à un weekend de formation en juin puis une semaine de préparation à la mission et d’envoi au mois de juillet, à Paray-le-Monial.

Fin août, nous avons quitté notre maison et notre travail pour un départ prévu le 10 septembre. Ce jour arrivé, il ne nous manquait que nos visas. Une longue attente a alors commencé avant de recevoir enfin ces précieux papiers début janvier. Nous avons mis ce temps à profit pour nous mettre au service de l’association Simon de Cyrène, qui anime des colocations entre personnes valides et accidentées de la vie. Le 17 janvier, nous avons quitté la France et sommes arrivés ici.

R.S. : Quelles sont vos activités à Constantine ? Activités de votre choix où venant d’un appel ou un besoin ?

Louis & Jeanne : Nous avons été envoyés à Constantine avec chacun une mission propre : Louis au service de l’économat du diocèse et Jeanne pour travailler auprès des éducatrices de la petite enfance. Le temps consacré à la petite enfance pour Jeanne n’occupe pas toute la semaine, c’est pourquoi elle consacre aussi quelques heures au secrétariat du diocèse, et quelques autres au centre Nibras (soutien scolaire).

Par ailleurs, nous avons quelques autres activités différentes. Par exemple : Louis a rejoint le club d’écriture de Dilou avec beaucoup de plaisir. Jeanne aide pour la langue française des jeunes filles rencontrées par l’intermédiaire de Dilou ou Nibras.

R.S : Quelles sont vos relations avec la population diocésaine et extra-diocésaine?

Louis & Jeanne : Nous avons été ravis de découvrir les membres du diocèse à notre arrivée et nous essayons d’entretenir autant que nous le pouvons les liens de fraternité qui nous rattachent les uns aux autres. Par exemple, nous apprécions de pouvoir inviter untel à venir dîner à la maison pour le connaître davantage.

Nous avons aussi des liens avec des Algériens musulmans, soit par notre travail, soit par simple amitié. Ces liens se tissent doucement, prennent le temps de l’apprivoisement, mais avec certains, sont déjà forts. Par exemple, Jeanne se rend souvent chez une famille dans laquelle elle est déjà très à l’aise. Elle est considérée comme « membre de la famille » et plusieurs petits actes témoignent de la confiance qu’elle reçoit de leur part.

R.S. : Que pensez-vous de la vie du diocèse de Constantine comparativement à l’Eglise d’où vous venez?

Louis & Jeanne : Il serait difficile pour nous de comparer deux diocèses de tailles si différentes et ancrés dans des contextes tellement éloignés. Nous préférerons ici donner quelques petits éléments de vie de paroisse, échelle plus accessible, notamment en France. 

Les deux paroisses, celle à laquelle nous appartenions en France, et celle de Constantine, nous paraissent toutes les deux portées par le même désir de faire communauté. Dans notre ancienne paroisse, c’était un souhait très fort de notre curé et de son vicaire. Ils nous incitaient à aller à la rencontre de nos frères et sœurs de paroisse, créaient des initiatives en ce sens (journées des familles, dîner de paroissiens, …) pour que nous soyons unis les uns aux autres. A Constantine, j’ai ressenti le même appel à former ensemble une communauté fraternelle. Les difficultés qui se posent ne sont pas les mêmes :

  • A Constantine, le fait d’être un petit nombre aide beaucoup à connaître chacun et à être plus attentif à celui qui n’est pas là ou qui ne va pas bien. En revanche, la diversité culturelle très forte demande de s’adapter à chacun, de se détacher de nos repères. 

  • A St-André-de-Cubzac (notre ancienne paroisse), il y avait un nombre bien plus important de paroissiens, bien que nous vivions hors d’une grande ville. Ceci rendait plus difficile la connaissance de chacun. Nous essayions de faire attention aux nouveaux arrivants, de bien les accueillir. Grâce aux différents projets sur la paroisse (chorale, préparation aux mariage, conseil paroissial, …), nous avons pu nouer de vraies amitiés avec certains. 

Une grande différence que nous observons est la quasi absence de couples et familles ici, ce qui est un manque pour la communauté.

R.S. : Quels sont vos moyens d’intégration dans la vie du diocèse et autour de vous ?

Louis & Jeanne : Un des moyens d’intégration dans la vie du diocèse est tout d’abord d’essayer de connaître chacun de ces membres, que ce soit par des discussions après la messe dominicale, par des invitations à venir à la maison (ce qui nous permet de prendre davantage de temps avec chacun), par des temps de travail ou de formation. Nous aimons « faire avec l’autre » pour apprendre à le connaître.

Après 7 mois ici, nous souhaitons également apporter d’autres propositions pour enrichir la vie de notre diocèse et répondre à quelques aspirations que nous avons, comme organiser des temps de louange par exemple.

R.S. : Visitez-vous le site de l’Eglise d’Algérie ? Si oui qu’y avez trouvé de nourrissant ? Que souhaitez-vous y trouver encore ?

Louis & Jeanne : Nous ne l’avons que très peu consulté… Jeanne l’avait consulté en France pour essayer de connaître un peu l’Eglise d’Algérie avant d’y arriver et l’a consulté de nouveau une fois à Constantine. Elle avait été heureuse de trouver quelques nouvelles du diocèse, quelques témoignages ainsi que la lettre pastorale de Mgr Nicolas.

R.S. : Aurez-vous la bonté de proposer une prière pour l’Eglise d’Algérie pour finir ?

Louis & Jeanne : La prière que nous souhaitons vous partager est de Saint François d’Assise. C’est par elle que nous commençons notre temps de prière chaque matin depuis notre mariage et que nous récitons ensemble, d’une seule voix.

« Seigneur, dans le silence de ce jour naissant, je viens Te demander la paix, la sagesse et la force.

Je veux aujourd’hui regarder le monde avec des yeux remplis d’amour ; être patient, compréhensif, doux et sage ; voir au-delà des apparences Tes enfants comme Tu les as créés et ainsi ne voir que le bien en chacun.

Garde ma langue de toute malveillance, ferme mes oreilles à toute calomnie et que seules les pensées qui bénissent demeurent en mon esprit. 

Que je sois si bienveillant et si joyeux que tous ceux qui m’entourent sentent Ta présence.

Revêts-moi de Ta beauté Seigneur, et qu’au long de ce jour je Te révèle. »Amen !

Par Sr Rosalie SANON, SAB

Église Catholique d'Algérie