La mobilisation exceptionnelle de la jeunesse catholique de l’archidiocèse d’Abidjan a été effective dimanche 30 mars, au stade Olympique Alassane Ouattara d’Ébimpé. Environ 60 000 jeunes ont pris part à la troisième édition de leur pèlerinage diocésain. L’objectif de cette rencontre était double: renforcer leur relation avec Dieu et approfondir leur foi en Christ, tout en priant pour la paix et le bon déroulement des élections à venir dans leur pays.
Marcel Ariston Blé – Abidjan, Côte d’Ivoire
Placé sous le thème «En cette année synodale, jeune catholique, sois acteur de paix et de cohésion sociale», cet événement d’envergure a permis à la jeunesse catholique de se rapprocher davantage de Dieu en cette période de Carême, mais aussi de «prier pour la paix et la cohésion en Côte d’Ivoire, prier pour un meilleur avenir de la jeunesse dans un pays en paix», a expliqué le père Eugène Laurence Awondji, aumônier diocésain de la pastorale des jeunes du diocèse d’Abidjan.
Promouvoir l’unité et le bien commun
Par cette initiative, l’Église a également exhorté les jeunes, à l’approche des élections, à promouvoir l’unité et la communion fraternelle. «Nous sommes venus de tous les horizons de notre archidiocèse pour ne former qu’un seul corps aujourd’hui», a déclaré le père Awondji qui a souhaité que les jeunes d’Abidjan, «retiennent qu’on peut d’être de diverses nationalités, d’ethnies différentes, de partis politiques différents, mais prôner l’unité et la paix, si l’on pense au bien commun, étant donné que la paix est indispensable.
Rappelant les crises passées qui ont marqué la nation, le prêtre ivoirien a déclaré que «la jeunesse a trop souvent été sacrifiée sur l’autel des intérêts personnels. Nous refusons de revivre de telles tragédies. Cette mobilisation témoigne du profond désir de paix des jeunes. Nous avons prié pour nos autorités politiques et religieuses afin que le Seigneur pacifie nos cœurs et que la Côte d’Ivoire demeure un havre de paix», a poursuivi l’aumônier diocésain des jeunes d’Abidjan.
Une responsabilité historique
Pour sa part, le père Norbert-Éric Abékan, secrétaire exécutif national de la Commission justice, paix et environnement, qui présidait la messe, a appelé les responsables politiques à préserver l’avenir du pays. «Ne laissez pas en héritage aux jeunes un pays en sang et en ruines, mais plutôt une nation en paix», a-t-il exhorté. Il a également invité la jeunesse à prendre conscience de son rôle dans la construction de la paix. «La paix naît dans les cœurs. Si vous la portez en vous, alors vous la sèmerez autour de vous», a-t-il ajouté.
Refuser toute instrumentalisation
Dans son homélie, le père Abékan a mis en garde les jeunes contre toutes formes de manipulation, les invitant à prendre conscience de la force qu’ils représentent car, unis dans l’Église, ils peuvent poser des gestes concrets d’amitiés, de fraternité et de vie. «Ne vous laissez pas instrumentaliser. Vous avez une conscience et la capacité de discerner ce qui est juste. La guerre n’est jamais une solution; elle ne fait que détruire. Il est de votre responsabilité de promouvoir la cohésion», a souligné le secrétaire exécutif national de la Commission justice, paix et environnement.
Devenir des artisans de paix et de cohésion sociale
Ce pèlerinage a vu la participation d’une délégation gouvernementale et de nombreuses autorités. Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Vagondo Diomandé, a tenu à saluer l’implication de l’Église et des fidèles dans la préservation de la paix et de la cohésion sociale. Il a également souligné la symbolique forte du jeûne musulman, coïncidant cette année avec le Carême. «Les croyants d’Abraham, quelle que soit leur confession, sont appelés à se rassembler dans la prière afin d’obtenir de Dieu la paix et la prospérité pour notre pays». S’adressant aux jeunes, le ministre a insisté sur leur rôle essentiel: «soyez des bâtisseurs de paix, des artisans de cohésion sociale, des défenseurs des valeurs humaines et chrétiennes qui vous unissent. Aux côtés de vos guides spirituels, élevez vos prières pour notre chère patrie, la Côte d’Ivoire», leur a-t-il demandé.
Jean-Noé Gnaba, président des jeunes de l’archidiocèse d’Abidjan, a souligné, quant à lui, la portée de cet événement. «Ce rassemblement est un puissant symbole d’unité et de notre engagement à témoigner de l’amour de Dieu dans notre société. Il constitue un appel à l’engagement dans la vie de l’Église», a-t-il expliqué.
Face aux joutes électorales imminentes et aux crises passées qui ont ébranlé le pays, le président des jeunes de l’archidiocèse d’Abidjan a exprimé ses craintes. «Ce pèlerinage a été organisé pour adresser un message de paix à notre jeunesse. Trop souvent, elle est utilisée et manipulée durant les élections. Nous refusons que les jeunes catholiques se laissent entraîner dans cette spirale. Ils peuvent participer au scrutin, mais jamais dans la violence». Il a, de ce fait, appelé ses pairs à poursuivre la sensibilisation au sein de leurs communautés, tout en les encourageant à devenir des porteurs d’espérance ainsi que des acteurs engagés de paix et de cohésion sociale.