Crispine de Thagura (+ 5 décembre 304)
Le 5 décembre marque la mémoire de sainte Crispine, mère de famille originaire de Thagura (aujourd’hui Taoura, à quelques kilomètres de Souk Ahras), que le proconsul Anulinus condamna à la décapitation en l’an 304 pour avoir refusé de sacrifier aux dieux de l’empire. Crispine ne nous est connue que par les Actes de son martyre et par le témoignage de saint Augustin, qui parle d’elle dans plusieurs homélies, la qualifiant d’épouse digne, d’une famille aisée, de santé délicate. Les martyrologes anciens mentionnent plusieurs compagnons martyrisés en même temps. Leur exécution eut lieu le 5 décembre. Par erreur, l’un de ces textes situe les faits à Thagura. Les Actes mentionnent clairement qu’ils eurent lieu à Théveste (Tébessa), où une grande basilique lui sera dédiée à l’époque du Bas-Empire, sans néanmoins qu’aucune trace de sa sépulture n’y ait été retrouvée, qui deviendra un haut lieu de pèlerinage. Crispine est aussi représentée sur la mosaïque du cortège des vierges de la basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf de Ravenne, datant du VIe siècle.
Basilique de Sainte Crispine – Tébessa
Sous le neuvième consulat de Dioclétien et le huitième de Maximien, le jour des nones de décembre, dans la colonie de Théveste, le proconsul Anulinus siégeait au tribunal dans la salle d’audience. Le greffier de service dit : « Crispine de Thagura a méprisé le décret de nos seigneurs les princes. Sur ton ordre, elle sera interrogée ». […] Quand elle eut été introduite, le proconsul lui demanda : « Connais-tu le texte de l’édit sacré ? » Crispine répondit : « Je ne sais pas ce qu’il y a dans l’édit ». – Il te dit de sacrifier à tous nos dieux pour le salut des princes, selon la loi édictée par nos seigneurs Dioclétien et Maximien, pieux Augustes, Constance et Maxime, nobles Césars ». […] Chaque jour j’adore le Dieu tout-puissant. En dehors de lui je ne connais pas d’autres dieux ». […] – « Je donne l’ordre de te décapiter, si tu n’obéis pas aux décrets de nos seigneurs les empereurs. Tu leur obéiras par la force. Toute l’Afrique a sacrifié. Tu ne l’ignores pas ». – Je te l’ai dit : quels que soient les tourments auxquels tu me soumettras, je suis prête à les endurer, plutôt que de polluer mon âme avec vos idoles de pierre, faites de main d’homme. […] Le proconsul Anulinus rendit la sentence qu’il lut sur les tablettes : « Crispine s’obstine dans sa superstition indigne. Elle a refusé de sacrifier à nos dieux. Conformément aux prescriptions célestes de la loi auguste, je donne l’ordre de la décapiter ». […] Elle se signa le front avec le signe de la croix et, tendant le cou, elle fut décapitée pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ, à qui est l’honneur dans les siècles des siècles.
Actes de Crispine de Thagura, in V. Saxer, Saint anciens d’Afrique du Nord, Vatican 1979, p. 134-136.
+ Nicolas Lhernould
Illustration à droite: Sainte Crispine Mosaïque de la procession des vierges Saint-Apollinaire-le-Neuf – Ravenne
