« Rentre dans ton cœur, et là, élève-toi jusqu’à Dieu »
Augustin fut baptisé à Milan, par l’évêque Ambroise, au cours de la nuit de Pâques de l’année 387 (24-25 avril). Le 24 avril marque ainsi la mémoire de sa « conversion », qu’il raconte lui-même au neuvième livre de ses Confessions. Dans l’expérience d’Augustin, la conversion n’est pas d’abord de l’ordre d’une adhésion à un credo, une morale, une doctrine. Cela vient en second, comme une conséquence. Il s’agit d’un événement, mieux, d’un itinéraire intérieur, qu’il nomme « illumination » : celui de la rencontre avec Dieu, « plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes », qui invite aussi à la rencontre en vérité… avec soi-même. Une rencontre qui se prolonge à l’extérieur, où nous retrouvons Dieu dans le visage des autres, notamment les plus humbles, puisque Jésus déclare : « ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). Vivre cette rencontre suppose de consentir à rentrer en soi-même, là où Dieu réside, là où il se révèle. Le monde d’aujourd’hui, comme au Ve siècle, pousse beaucoup vers l’extérieur. Augustin fut séduit par ses multiples attraits, se sentant néanmoins habité par une soif qu’aucune réalité extérieure, aussi belle fût-elle, ne pouvait véritablement étancher. C’est alors qu’au bord de l’épuisement, il consentit à plonger en lui-même, en y découvrant pas à pas une source à même d’étancher cette soif. La découvrir transforma sa vie, pas seulement dans cette nuit de Pâques 387, mais chaque jour de son existence. A son école, témoigner que la source de la joie véritable se trouve à l’intérieur… : n’est-ce pas là, même s’il l’ignore souvent, une des attentes les plus profondes de notre monde aujourd’hui ?
+ Nicolas Lhernould
« Rentre dans ton cœur, et là, élève-toi jusqu’à Dieu, car tu es bien près de Dieu une fois rentré dans ton cœur. » – Sermon 311,13
La conversion de saint Augustin Fra Angelico – 1430 Cherbourg – Musée Thomas-Henry
« Dieu plus intérieur à moi-même que moi-même. » – Confessions III,6,11
« Commence par rentrer en toi-même, en ce cœur dont tu étais comme exilé par suite d’un épanchement continuel de ton âme sur les choses de ce monde. » – Commentaire sur l’Evangile de saint Jean XVIII,10
« Ce n’est point en dehors qu’il faut chercher la joie, mais au-dedans, là où est empreinte la lumière du visage de Dieu. » – Commentaire sur les Psaumes 4,8
« La récompense de Dieu c’est Dieu lui-même. » – Commentaire sur les Psaumes 73,32
« Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. » – Confessions I,1,1
« Bien tard je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée. Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors, et c’est là que je te cherchais et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ; elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas. Tu as appelé, tu as crié, et tu as brisé ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ; tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi ; j’ai goûté et j’ai faim et soif ; tu m’as touché et je brûle pour ta paix. » – Confessions X,27,38
