Pères de l’Eglise, promenades printanières

Les basiliques chrétiennes des premiers siècles en Algérie

Le printemps est une période idéale pour aller à la rencontre du patrimoine archéologique algérien. Les trésors sont nombreux, notamment les sites témoins de la vie des premiers chrétiens, à commencer par les basiliques des premiers siècles : celle de Chlef tout d’abord, dite de « saint Reparatus », dont la construction commença en l’an 324, probablement la plus ancienne de toutes. N’en demeurent que quelques mosaïques et une partie du pavement. A Tipasa, l’église à sept nefs, l’une des plus vastes de l’Afrique ancienne, érigée sur la falaise de la ville, avec ses dépendances (un baptistère, la maison de l’évêque et de son clergé) ; mais aussi l’église dite « de l’évêque Alexandre », que l’enceinte byzantine construite au VIe siècle rejetterait hors les murs, où reposaient, avant même Alexandre et deux compagnons, au moins neuf « justes » ainsi mentionnés par une inscription déposée au musée des antiquités d’Alger. Plus à l’ouest, à proximité de Sétif, Djemila, l’antique Cuicul : le « groupe épiscopal » et le quartier chrétien y sont remarquablement conservés. La restauration complète du grand baptistère permet d’apprécier la manière dont les premières communautés célébraient l’initiation chrétienne. Les nombreuses mosaïques conservées dans le musée illustrent aussi avec éloquence la façon dont les premiers chrétiens utilisaient les symboles profanes pour transmettre le message de l’Evangile dans la culture de leur temps. A quatre heures de route, sur la côte, la colline d’Hippone, l’actuelle Annaba, où saint Augustin fut évêque pendant 35 ans. S’il n’est pas certain que la grande basilique antique soit la celle dite « de la Paix », dans laquelle Augustin officiait et où il fut enterré en 430, le site demeure très émouvant, surplombé par la basilique moderne, construite au XIXe siècle pour abriter la relique de son bras droit rapportée de Pavie en 1842. A proximité de Batna, l’impressionnante ville antique de Timgad témoigne du schisme donatiste, qui dura de 312 à 411, avec la coexistence d’édifices catholiques et donatistes situés à quelques rues les uns des autres, comme cela était le cas dans de nombreuses villes de la région. Tébessa, enfin, non loin de la frontière algéro-tunisienne, où l’on peut admirer l’édifice probablement le plus somptueux de l’antiquité chrétienne en Algérie : la grande basilique dite « de sainte Crispine », qui était un haut-lieu de pèlerinage pour les premiers chrétiens, comme en témoigne l’imposante hôtellerie construite à proximité. Une promenade trop rapide en quelques lignes, à prolonger en allant sur les sites, autant de lieux où vécurent de grandes figures célèbres de l’antiquité et nombre de chrétiens anonymes, qui sont partie prenante de l’histoire du pays, de son patrimoine spirituel et culturel, de l’histoire de l’Eglise universelle aux temps de ses racines.

+ Nicolas Lhernould

Pour approfondir : S. LANCEL, P. MATTEI, Pax et Concordia. Chrétiens des premiers siècles en Algérie (IIIe-VIIe siècles), Marsa Ed., Alger 2003, pp. 75-81.

Photo en une, Vestiges de la grande basilique de Tipasa

Église Catholique d'Algérie