Pères de l’Eglise (17) Symboles chrétiens antique

Symboles chrétiens antiques

Les premiers chrétiens se sont souvent appuyés sur les symboles de la culture antique pour transmettre le message de l’Evangile dans un langage parlant à leurs contemporains. Le quartier chrétien et le musée archéologique du site de Cuicul (Djemila), à proximité de Sétif, en offrent une belle illustration. En voici quatre exemples.

                                                Le poisson

Mosaïque du baptistère de Djemila (Photo : B. Jobert – p.bernard.over-blog.com

En Afrique du Nord, l’art de la mosaïque recourait souvent aux éléments marins. Les chrétiens utilisent très tôt le poisson comme symbole du Christ. Le terme grec, « Ichtus » se compose en effet des premières lettres des mots composant la phrase : « Iesous – CHristos – Theou – Huios – Soter », « Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur ». Avant la croix, le poisson sera signe de reconnaissance des premiers chrétiens. Représentant le Christ lui-même, il devient aussi symbole de l’aliment eucharistique. Le « grand poisson » (le Christ) est souvent entouré de « pisciculi » (« petits poissons ») figurant les fidèles. Le Traité du baptême de Tertullien y fait écho : « Pour nous, petits poissons, ainsi appelés du nom de notre ‘Ichtus’ Jésus Christ, nous naissons dans l’eau et ne pouvons conserver notre vie autrement qu’en demeurant dans cette eau. » (n.1).

                                                       

                                                      Le chrisme

Illustration : Chrisme taillé dans la pierre – Quartier chrétien de Djemila.

 Encore appelé « monogramme constantinien », le chrisme est un symbole très ancien du Christ, initialement formé par les lettres CHI (X) et IOTA (I), puis, à l’époque de Constantin (IVe siècle), par les lettres CHI (X) et RHO (P), qui sont les deux premières lettres du mot « Christos » en grec. On y trouve souvent les deux lettres Alpha et Omega, première et dernière lettres de l’alphabet grec, en écho à ce que le Christ dit de lui-même au livre de l’Apocalypse : « Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers. » (Ap, 1,8) – 

          

                                                            

          Le paon

Paons entourés des lettres Alpha et Omega – Musée de Djemila

Dans l’art gréco-romain, le paon, dont la chair passait pour imputrescible, est symbole d’immortalité. Les chrétiens en firent un symbole du corps du Christ au tombeau. Les plumes du paon tombent et repoussent au printemps, symbole de vie nouvelle et de résurrection. Le fait que le paon se nourrisse de blé fut également mis en avant comme symbole de la communauté trouvant sa nourriture dans le pain eucharistique.

                                                                          Le lion

Partie du dallage de la grande nef de la basilique du Ve siècle – Musée de Djemila.

On ne s’étonne pas que l’agneau soit un symbole chrétien majeur dès les premiers siècles, en référence au Christ « agneau pascal immolé » (cf. Ap, 5,12). Le symbole du lion est plus inattendu. Saint Augustin lie pourtant les deux : « Le Christ est innocent tel un agneau et fort tel un lion » (Commentaire sur les psaumes, 108,26). Roi des animaux en vertu de sa force, le lion rappelle chez les romains la guerre et les jeux du cirque. Pour les chrétiens, l’animal fait référence au « lion de la tribu de Juda » (cf. Ap 5,5), c’est-à-dire au Christ vainqueur de l’ultime combat, contre le mal, la souffrance et la mort. A leur naissance, les lionceaux semblent ne donner aucun signe de vie avant trois jours. La croyance était répandue que c’était le lion lui-même qui, par son souffle, leur donnait le mouvement au troisième jour. Le lion devint de ce fait symbole de la résurrection.

+ Nicolas Lhernould

Église Catholique d'Algérie