Fin février 2022, le diocèse de Constantine et Hippone était en pèlerinage à Touggourt aux portes du désert, au sud de l’Algérie, lieu de la fondation des Petites Sœurs de Jésus, et donc par l’inspiration de Charles de Foucauld. Une trentaine de participants y ont fait brièvement l’expérience du désert, fleuron de la méditation qui ne laisse personne de marbre. Ce fut un moment inoubliable selon les témoignages des uns et des autres. Père Marco (PIME), curé de la paroisse de Touggourt avec les trois Petites Sœurs de Jésus ont bien accueilli et enrichi cette démarche par leur prière, le partage, les témoignages sur l’héritage de Charles de Foucauld et de Petite Sœur Magdeleine.
D’un désert à l’autre
C’est à peine sortis d’une des tempêtes de Covid persistant que, dans le diocèse de Constantine, se distillait une invitation insistante à un pèlerinage diocésain à peu près en ces termes : « Pour une bonne préparation à la canonisation de Charles de Foucauld, un bon complément aux Journées Algériennes de la Jeunesse (JAJ), un beau temps fraternel diocésain, le souffle foucauldien et les dunes, venez découvrir les Petites Sœurs de Jésus, leur lieu de naissance et leur fondatrice, Petite Sœur Magdeleine… Mieux connaître Charles de Foucauld, leur inspirateur, qui sera déclaré saint le 15 mai à Rome… Voir le désert du Grand Erg Oriental et ses dunes… Entrer dans « la spiritualité de Nazareth »… Une exhortation fort attirante qu’aucun pèlerin ne regrette d’avoir acceptée. L’aveu de sœur Marie-Luc le confirme : « Plus de deux ans de confinement ne me donnent qu’angoisse et rétrécissement de cœur ; cette sortie, ‘pèlerinage’ diocésain fut pour moi bienfaisante, une bouffée d’air pur. Cette ouverture me permet tant d’admirer la générosité, l’accueil, l’esprit fraternel de ceux qui nous accueillent, tous, y compris chauffeurs et policiers. Je rentre regonflée. J’ai reçu plus que je n’ai donné ou demandé. Ce fut une rencontre qui unifie. C’est à mon tour maintenant de savoir aimer puisque j’ai beaucoup reçu. » D.M., heureux, témoigne également que : « J’ai aimé la visite chez les sœurs, leur vie est simple à l’image de Jésus… Elles vivent avec peu et elles arrivent à donner et à garder le sourire. Le désert n’est pas un endroit aride et invivable mais plutôt un endroit enrichissant où on peut écouter la voix de l’Esprit Saint. »
Un pèlerinage, qu’il soit en solitaire ou en Eglise, demeure une riche valeur spirituelle et culturelle qui permet un va-et-vient entre les déserts intérieur et spatial. C’est ainsi qu’une autre participante s’exclame : « Ce fut du ‘concentré’ pour la durée du pèlerinage (très, très court) mais aussi pour la qualité des rencontres et des retrouvailles très simples et joyeuses. Pour le contenu, une excellente initiative de concrétiser et d’actualiser la vie missionnaire de Petite Sœur Magdeleine de Jésus en partageant la vie et la prière des Petites Sœurs, présentes aujourd’hui. Comment ne pas relire l’évangile à la lumière de la vie de la Sainte Famille de Nazareth en traversant ces paysages aimés du Petit frère Charles, tout remplis de son désir de rejoindre Celui qu’il découvrait dans chaque personne rencontrée. « Fleurir » là où Dieu nous conduit et nous attend. »
Ce pèlerinage fut comme un refuge où le cœur, trop longtemps agité, vient trouver un jour de calme et de sérénité. Nelson, reconnaissant pour les différentes interventions, s’émerveille : « J’ai passé un bon moment avec les gens que je ne connaissais pas. Le chant ‘Avec Toi nous irons au désert’, m’a beaucoup fortifié ». D. Marthe renchérit : « Ce qui m’a touché en plus de la découverte du désert pour la première fois, ce sont les moments agréables de prière et d’enseignement qui sont pour moi une grâce et surtout d’avoir fait ce chemin avec ma communauté. » Rose Manuela, elle aussi tout enthousiaste avec son esprit d’étudiante du 21ème siècle, confie : « Je me suis enrichie par l’histoire de Charles de Foucauld et Magdeleine. Leur vie est un miracle, car comment ont-ils pu bien vivre leur mission sans média, montrant tout leur abandon à Dieu…. Je suis touchée par l’amour qu’ils ont donné à l’humanité tout au long de leur vie. »
Un pèlerinage est aussi une marche d’espoir, une démarche de courage, une heureuse endurance, une manière de tenir bon, une dignité qui maintient debout, qui fait bouger des lignes en soi pour avancer chaque fois plus libre. Un autre pèlerin le reconnait quand il dit : « Je rends grâce à Dieu car ce pèlerinage au désert a rempli mon cœur de joie afin que je continue ma route à aller à la rencontre des gens avec simplicité et humilité comme les Petites Sœurs de Jésus qui forcent le respect par leur simplicité vraie ». Emmanuel, en plus d’exprimer que l’histoire de Charles de Foucauld et Magdeleine est réconfortante pour lui, rend hommage au P. Marco et aux Petites Sœurs de Jésus qui sont à Touggourt en ce moment, précisant que : « Je me plaignais de notre petit nombre pour célébrer la messe hebdomadaire à Batna. A travers ce pèlerinage, je me sentirai très heureux où que je sois. Je me sens réconforté à vivre ma foi chrétienne malgré les difficultés. »
Ce moment diocésain, très familial, de visite, de prière et de fraternité, faisait passer parfois de la promenade à un pèlerinage intérieur, du tourisme à un appel à la louange à Dieu. C’était aussi une sort ie des routines spirituelles vers la rencontre des témoins et aussi de ceux qui attendent un signe de notre appartenance au Christ notre Chemin et notre Vie.
Rosalie SANON, SAB