Mgr Cristobal Cardinal LOPEZ ROMERO, Cardinal– Archevêque de Rabat au Maroc, est nommé membre du «Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux.» Il répond à nos questions et nous découvre à priori son plan d’action. Merci pour sa fraternité et le bon voisinage avec notre Eglise d’Algérie.
R.S. : Merci Monseigneur de vous présenter à nos lecteurs pour commencer.
Cal LOPEZ R. : Interrogé dans ce même sens, le Pape François a répondu : « Je suis un pécheur ». Qu’est-ce que je pourrais dire de moi ? Comme lui, comme tous, je suis un pécheur… mais un pécheur pardonné, un pécheur aimé de Dieu, mon Père, qui m’a fait son enfant. Être enfant de Dieu : peut-on avoir un plus haut honneur, une plus haute dignité ?
Je me nomme Cristóbal (Christophe en français, Hamil-l-Messih, en arabe), qui veut dire « Porteur du Christ ». Pourrais-je avoir un nom plus beau, qui soit en même temps un programme de vie ?
Né à Vélez-Rubio, au sud de l’Espagne, migrant vers la Catalogne avec ma famille, j’ai grandi à Badalona (Barcelona-Espagne), et là j’ai connu les « salésiens » de Don Bosco (Saint Jean Bosco)… et je suis devenu l’un d’eux très jeune, à 16 ans.
La vie m’a porté, déjà prêtre, au Paraguay (1984-2002), au Maroc (2003-2010), en Bolivie (2011-2014), en Espagne à nouveau (2014-2017) et finalement au Maroc, en tant qu’évêque de Rabat depuis le 10 mars 2018.
R.S.: Vous avez été nommé comme membre du « Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux. » Comment avez-vous accueilli cette nouvelle?
Cal LOPEZ R. : Le 01 septembre 20192019, le Pape m’a nommé cardinal. La cérémonie de création a eu lieu le 5 octobre. Et le 14 janvier il me nommait membre du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, pratiquement le Pape a affecté tous les nouveaux cardinaux dans l’un ou l’autre des organismes de la Curie.
En moins de deux ans trop de choses me sont tombées dessus : l’épiscopat comme archevêque de Rabat, la visite du Pape, la nomination comme administrateur apostolique de Tanger, la création comme cardinal et l’intégration au Conseil pour le Dialogue Interreligieux… C’est trop !
J’accueille tout ce qui m’arrive avec esprit d’obéissance et de disponibilité, de service et d’engagement à la faveur du Royaume de Dieu. Je ne peux nier qu’il y a aussi une composante de peur et une sensation de dépassement, mais aussi de joie ; joie pour les Églises du Maroc et du nord de l’Afrique, parce que je suis très conscient que tout cela n’est pas en raison de ma personne, mais des communautés chrétiennes qui depuis longtemps travaillent pour l’Évangile dans ces pays.
R.S.: Comment envisagez-vous cette nouvelle charge avec l’Eglise du Maroc et du Maghreb?
Cal LOPEZ R. : Appartenir au Conseil Pontifical m’oblige à être plus attentif, autant que possible, au dialogue islamo-chrétien que nous vivons dans le quotidien, pour pouvoir apporter notre expérience à l’Église universelle à travers le Conseil. Je suis convaincu que ce que nous vivons au Maghreb en tant que chrétiens, peut illuminer beaucoup d’autres Églises, notamment d’Europe, mais aussi compléter l’expérience que les chrétiens du proche, du moyen et du lointain Orient ont dans leur relation avec les musulmans. Nous avons quelque chose d’original.
Je crois que je dois assumer aussi la tâche de me constituer en ambassadeur de la cause du dialogue un peu partout, là où j’irai et là où je pourrai arriver à travers les moyens de communication.
Dans la pratique je devrais participer à l’Assemblée du Conseil, qui se tient tous les deux ou trois ans. Ce n’est pas beaucoup. Mais l’important pour moi est d’être au service de l’Église de Rabat, et depuis ici, de répercuter notre expérience et de lui permettre de rayonner pour enrichir l’Église et contribuer à ce qu’elle soit encore plus « catholique », plus universelle.
R.S.: Le Pape a annoncé le 24 mai dernier une « Année Laudato Si ». Comment cela peut-il s’exprimer dans votre mission épiscopale et dans la vie de votre communauté chrétienne ?
Cal LOPEZ R. : Oui, à l’occasion du 5ème anniversaire de la publication de la Laudato Si’i, le Pape François a voulu que toute l’Église et le monde entier vivent une semaine spéciale. Et il nous a surpris encore une fois, à la fin de la dite semaine, avec la convocation d’une année entière sur la réalité de l’écologie intégrale.
Au Maroc la conscience de la population et celle des chrétiens au sujet des thèmes traités par la « Laudato Si » n’est pas forte. C’est pourquoi je pense que la première des choses à faire, dans le cadre de ma mission, sera de promouvoir la connaissance de ce que le Pape nous dit dans cette encyclique extraordinaire et diffuser la conscience de que nous sommes tous une famille qui habite ensemble la « maison commune ».
Une conscience bien informée et mieux formée donnera, bien sûr, des fruits d’action et d’initiatives dans les communautés chrétiennes. Il s’agit d’un domaine où chrétiens et musulmans, nous pouvons travailler ensemble pour promouvoir un monde nouveau.
Propos recueillis par
Rosalie SANON, SAB