La tradition raconte que Caïn, après avoir tué son frère Abel par jalousie, demande : “suis-je le gardien de mon frère, moi? ” (Gen 4, 9). C’est une question qui se pose souvent depuis la Création de l’humanité – sommes-nous responsables les uns pour les autres autant que nous sommes responsables pour nous-mêmes ? Ou est-ce que nous choisissons qui sont nos frères ?
Ce serait une grande joie si chacun pouvait dire, en toute vérité, Oui à cette question. “Oui, je fais tout ce que je peux pour les autres, surtout pour les pauvres et mêmes pour les riches. Je suis vraiment le frère universel.”
Une telle réponse serait le fruit total du Saint Esprit et une déclaration de sainteté que, jusqu’ici, personne n’a pas pu réclamer sauf Dieu lui-même.
Mais, on pourrait dire que c’est impossible d’aider tout le monde. Je suis trop petit. Je ne suis pas Dieu ! Je m’occupe bien de ma famille et de mes proches, de mes voisins, de mes compatriotes, de ceux et celles qui partagent ma foi…. mes ‘prochains’.
“Et qui est mon prochain ?” (Luc 10, 29), demande le docteur de la loi. Jésus lui donne la réponse en parabole – celle que nous appelons ‘le bon Samaritain’. Le prochain, c’est celui que Dieu veut que nous aimions. “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” (Marc 12, 31). Et Dieu veut que nous aimions tous les humains. Même nos ennemis. Même nos persécuteurs. Même les persécuteurs de nos frères. Tous.
Et c’est possible si nous croyons que Dieu est infini. Que sa grâce est infinie. Que “rien n’est impossible à Dieu” (Luc 1,37). Et que Dieu nous donne infiniment la grâce d’aimer.
Comment le faire ? Un commencement serait peut-être de prier, justement, pour ceux que nous n’aimons pas, que nous les connaissions ou non, qu’ils soient décédés ou encore en vie, qu’ils soient les pires de tyrans ou simplement ceux qui sont ‘différents’ de nous. N’arrêtons pas, bien sûr, de prier pour nos proches, nos familles, nos propres défunts, mais ajoutons, jour après jour, un après l’autre, nos prières pour ces ‘méchants ennemis’. Que Dieu exauce ou non nos prières, peu importe. Mais Dieu fait que c’est sa grâce qui prie en nous et qui nous renforce. Accueillons cette grâce.
Mgr John MacWilliam