Du 29 août au 13 septembre, j’ai accompagné la septième étape de MED 25, l’École de la paix en Méditerranée sur le navire le Bel Espoir, à travers l’Adriatique de Ravenne à Bari.
Dans l’esprit des Rencontres méditerranéennes de Bari (2020), Florence (2022), Marseille (2023) et Tirana (2024), l’association Mar Yam et le diocèse de Marseille ont organisé une « odyssée » dans la Méditerranée. De mars à octobre 2025, un navire-école de la paix sillonne la Méditerranée, reliant les cinq rives. Huit mois de navigation, huit étapes, huit thèmes affrontés : dialogue des cultures, éducation et société, femmes en Méditerranée, environnement et développement, les défis migratoires, les peuples en dialogue, christianisme d’Orient et d’Occident, construire la paix. De Barcelone à Marseille, en touchant trente ports différents, le Bel Espoir va de rencontre en rencontre, de « Visitation » en « Visitation ». À bord, chaque mois un groupe de vingt-cinq jeunes de toutes nationalités, cultures et religions s’engagent pour la paix, tout en apprenant à la construire entre eux dans le coude à coude du quotidien.
Je suis témoin de la transformation qui s’opère progressivement en chacun des participants et dans le groupe dans son ensemble au fil des jours et des nuits de navigation, sous le soleil ou les orages, dans les eaux claires ou les grosses vagues… Nous avons partagé avec l’équipage tous les services : cuisine, vaisselle, service à table, ménage, ainsi que les tours de garde (au timon) du bateau et les opérations pour hisser les voiles. La vie dans un bateau ne ressemble pas pour autant à celle d’une caserne : « Attention aux cinq F » – nous a mis en garde le capitaine – « il ne faut pas avoir faim, froid, fatigue, foif (soif) et frousse (peur) !» Autrement dit, il faut être à l’écoute de son corps et respecter les besoins de l’autre, chacun à son rythme. Et voilà que cet exercice, à la fois de patience et de générosité, fait tomber toutes les masques. Nous nous sommes découverts et aimés comme une famille par-delà toutes nos différences. Et quelle joie à la fin !
En reprenant les paroles que l’évêque de Bari, Mgr Giuseppe Satriano, a prononcé sur la place San Ferdinando pendant une soirée de louange et prière œcuménique : « Le navire le Bel Espoir n’est pas seulement un voilier : il est un signe prophétique qui parle de fraternité, de partage, d’avenir. C’est un laboratoire « navigant » qui traverse la Méditerranée en la transformant de mur en pont, de mer de divisions en mer de rencontre et de réconciliation » Et s’adressant tout particulièrement aux jeunes, il a ajouté : « Par votre navigation, par le choix de vivre ensemble comme compagnons de route, vous nous montrez que la fraternité et le partage sont les voies privilégiées pour construire la paix. Vous n’êtes pas naïfs, vous êtes courageux : vous portez en vous le rêve d’un monde différent et vous nous rappelez que la paix n’est pas une utopie, mais une tache à édifier jour après jour. »
Aujourd’hui plus que jamais la mission de notre Église est celle d’ouvrir des « plateformes de rencontre » (Mgr Pierre Claverie) dans un monde de peur et méfiance : la Méditerranée nous est ouverte comme une grande plateforme bleue, allons-y !
Anna Medeossi