MADAURE La ville des premières études d’Augustin

Madauros, à 30 km au sud de Thagaste en direction de Théveste (Tébessa), se situait à la limite sud de la Numidie et à la frontière de la Gétulie. Du Ier au IIIe siècle av. JC, elle fait partie de l’empire de Syphax. A la suite de la défaite de Zama en 202, elle passe au pouvoir de Massinissa (203-148 av. JC.), et deviendra une importante colonie romaine sous l’égide de Trajan (98-117) ou de l’un des empereurs Flaviens.

Madaure était une ville intellectuelle célèbre, réputation qu’elle devait à Apulée (125-180), auteur des Métamorphoses, et à ses grammairiens, en particulier Maxime. Le jeune Augustin s’inscrira vers l’âge de 13 ans dans l’une de ses écoles, pour y suivre des cours de littérature et commence r l’apprentissage de la rhétorique. La méthode comprenait la lectio ou lecture expressive ; la recitatio ou étude par cœur du texte ; l’ennaratio ou commentaire, et enfin le judicium ou appréciation critique du texte. Les grandes œuvres d’Augustin mettront en valeur cette méthodologie, que le Moyen-âge conservera longtemps dans les études classiques. Muni de ces compétences, Augustin se rendra ensuite à Carhage, y retrouver les grands rhéteurs nord-africains de son temps, et y suivre une formation philosophique, le cursus sapientiae.

Les vestiges de Madaure sont nombreux. Le site, d’une surface d’environ 20 hectares, permet d’admirer des habitations, des pressoirs à huile, de belles pièces d’architecture, des fragments de poterie en grand nombre… La forteresse que le général byzantin Solomon édifia en 535 au nord-ouest de la ville est le bâtiment le plus frappant, également le plus tardif. Au nord émergent les thermes, au sud-ouest, un sanctuaire dédié à Cérès (déesse romaine de l’agriculture, des moissons et de la fécondité), au nord-ouest, une église et des tombes chrétiennes, au sud, un mausolée à étages, ainsi qu’un théâtre et deux cimetières imposants.

Madaure eut aussi ses martyrs au cours des diverses persécutions. Les plus connus sont Lucetas, Miggin, Namphamo et Sanae, morts vers l’an 180, auxquels nous avions dédié un article de cette rubrique, que l’on retrouvera sur le lien suivant : https://eglise-catholique-algerie.org/a-lecoute-de-nos-peres-3/).

+ Nicolas Lhernould

Église Catholique d'Algérie