Par la fête de la pentecôte, cinquante jours après Pâques, nous avons fêté l’envoi de l’Esprit de Dieu sur les apôtres sous la forme de langues de feu. Tous les gens les entendaient proclamer les merveilles de Dieu, chacun dans sa langue maternelle, alors que tous, Parthes ,Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de l’Egypte et des contrées de Libye, Romains de passage, Crétois et arabes ( …), parlaient des langues différentes. Cet Esprit de Dieu, Esprit de vérité, Esprit consolateur est avant tout Esprit d’unité. Il est envoyé aux apôtres pour que se réalise l’ultime prière de Jésus, son testament spirituel, que tous soient un !
Nous avons célébré cette fête de Pentecôte au lendemain de la 7ème journée du Vivre Ensemble en Paix soutenue par l’Algérie à l’assemblée générale de l’ONU et votée le 8 décembre 2017 à l’unanimité des plus de 180 pays qui la composent, dont la Russie, la Chine, les Etats-Unis. On se prend aujourd’hui à rêver à ce temps à la fois si proche et si lointain, et pourtant pas vraiment idéal, où un tel vote était possible. Aujourd’hui cette institution internationale supposée construire et garantir une paix toujours plus mondialisée se trouve en échec face à une guerre de plus en plus mondialisée, en Palestine, en Ukraine et en tant d’autres lieux du monde. On peut se demander quel était le poids de ces mains levées, quelle était la conscience de la dimension prophétique du geste posé ? Ce vote était-il vraiment porté par un réel désir de s’engager sur le chemin d’une unité toujours à construire, toujours à rêver, ou n’était-il que l’expression politiquement correcte d’un vœu pieux sans grande conséquence ?
La tentation est forte de baisser les bras, de se ranger aux discours des va-t’en guerre de tous bords, de se rassurer à l’annonce de l’envoi d’engins de mort toujours plus nombreux et plus sophistiqués et supposés ramener un jour une paix juste et durable. La tentation est forte de renoncer à espérer en un monde où le droit l’emportera sur l’inexorable loi du plus fort, où les femmes et les enfants ne seraient plus comptés pour rien, ou pire, pris pour cible, dans des combats qui ne connaissent plus les limites des champs de bataille d’antan.
Il nous faut résister à cette tentation de renoncer à notre rêve d’unité parce que l’unité est plus forte que nos différences de langues, de cultures, de religion. L’unité n’est pas de l’ordre du rêve mais de la réalité. L’unité est première. Il n’y a qu’un seul Dieu, un seul créateur et donc une seule humanité. Vouloir vivre ensemble en paix n’est pas une utopie, un rêve pour naïf, C’est simplement tenter de se conformer au plan de Dieu pour son humanité. Et si Dieu est avec nous, qui donc sera contre nous ?
+ fr. Jean-Paul Vesco op