L’écosystème, espace, liens de dépendance, d’interaction

Il paraît qu’on vieillit si et seulement si, on arrête d’apprendre et d’enseigner les autres. Difficile alors de classer le Père Gérard au rang des vieux comme il le clame. Il a fait une conférence sur le thème de : « Un pôle de biodiversité : la péninsule de l’Edough ». C’était à Seraidi le 02 octobre 2021 à 1oh. Il a accepté de nous en donné un résumé.

« Toute la création gémit en travail d’enfantement ». Pourquoi gémit-elle ?

En ces jours où 197 parties signataires étaient réunies à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre, pouvons-nous rester inactifs ? Nous sentons-nous concernés par l’appel mondial de la jeunesse face à l’urgence vitale de préserver la biodiversité de « Notre Maison commune » ? Avons-nous conscience que l’extinction massive des espèces met en danger l’avenir de notre planète et, partant, de l’espèce humaine (cf. Requiem pour l’espèce humaine, du philosophe australien Clive Hamilton, 2013) ?

Quercus suber

Comment répondre à ces questions et, notamment partager cette prise de conscience des enjeux de notre biodiversité ? Des amis de l’Université d’Annaba m’ont confié cette tâche malgré mon âge avancé ! Ils m’ont proposé de réaliser cet objectif à partir d’une région proche de la ville : le massif de l’Edough. C’est pourquoi, le titre adopté de mon intervention a été : « Un pôle de biodiversité : la péninsule de l’Edough ». La séance s’est déroulée à Seraidi et l’organisation parfaite était assurée par une association d’universitaires du village, appelée « Green Group » dans un amphi remarquable du CREPS.

Aussi ai-je présenté un diaporama à Seraïdi le 2 octobre 2021 face à un amphi d’enseignants et d’étudiants, dont le nombre a du être limité en raison de la pandémie.

Auparavant, il m’importait de souligner que ce diaporama n’aurait jamais vu le jour sans les multiples collaborations et découvertes réalisées avec mes amis et collègues universitaires d’Algérie et d’autres pays méditerranéens comme à l’occasion de nombreuses sorties effectuées ou sollicitées dans diverses régions d’Algérie.

Sans entrer dans le détail, il était important de préciser le sens des termes. En quoi consiste la biodiversité. Elle englobe toutes les formes de vie à 3 niveaux : les écosystèmes (notre planète, montagnes, plaines, lacs, étangs, rivières, oueds, troncs d’arbres, fourmilière, etc.), les espèces (faune et flore), les gènes, inscrits sur nos chromosomes (couleur des papi

Platanthera Kunkelii

llons ou de nos yeux, parfum et forme des fleurs, etc.). L’écosystème est en effet l’espace où se tissent l’ensemble des liens de dépendance, d’interaction, d’interconnexion entre les espèces : depuis les arbres jusqu’aux micro-organismes.

La péninsule (autrefois une île il y a 5 millions d’années environ) de l’Edough comporte, dans l’état actuel de nos recherches (sur plus de 30 ans) autour de 635 espèces de la flore (sans compter lichens et mousses). Ce massif s’étend sur 125 km de long et 20 km de large environ.

Il appartient à ce qu’on appelle le « hotspot » (point chaud) méditerranéen, i.e. à un centre de grande richesse de biodiversité. 34 d’entre eux ont été recensés sur la planète et représentent 2,3% de la surface de la terre.

Nous n’avions plus qu’à parcourir les différents écosystèmes de cet ensemble montagneux et en découvrir les différentes espèces : falaises maritimes, plages, caps, divers maquis, types de forêts (subéraies et zénaies), châbas (ravins), étangs et marais. Chaque écosystème présente une flore spécifique et, souvent, endémique (particulière, au niveau mondial, à un secteur, une région ou un pays).

En conclusion, il paraissait important de laisser la parole aux écrivains, aux poètes et, notamment aux jeunes, qui anticipent l’avenir : Peter Wohlleben, forestier et écrivain, Pierre Rabhi, Algérien du Sahara, philosophe–agronome, S. J. Gould, 2000 , paléontologue, professeur de géologie et de l’histoire des sciences, Harvard, Greta Thunberg,la jeune Suédoise… Les jeunes rencontrés aux environs de Mechroha, enfants de fellahs pauvres, venus se joindre à nous dans leur champ pour admirer avec nous les fleurs de toutes sortes… en ont-ils gardé le souvenir pour leur laisser le « champ libre » ?

Il nous reste à choisir entre le gris (généré par les usines, les autoroutes, etc.) de la tristesse (cf. Laudato Si, § 34) et le vert de la chlorophylle de nos forêts ou de nos prairies et de l’espérance…

Idées de lecture !

  • Rom. 8, 14-25

  • Laudato Si : fondamental (cf. la proposition suivante).

  • (Toute l’interview de Bruno Latour, 08-02-2020, transmise par un ami). B. Latour « est aujourd’hui l’un des penseurs les plus écoutés, en France comme à l’étranger, sur la question de la transition écologique. Un colloque à Paris rend hommage à ce philosophe anthropologue, qui ne cache pas la radicalité de la conversion qui nous attend ». L’une de ses citations : « Dans l’Église, il y a eu un oubli du rapport au cosmos (= création chez Paul), une indifférence partagée sur la question de l’écologie, depuis le XVIIe siècle »

  • Une exégèse passionnante, qui donne à penser, du récit de la Genèse chez André Wénin : « D’Adam à Abraham ou les errances de l’humain » au Cerf, 2013.

Propos recueillis par

Rosalie SANON, SAB

15 Nov 2021 | A la une, Société

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