Les Nations Unies ont célebrée, ce 18 juillet, la Journée internationale Nelson Mandela, en souvenir du leader sud-africain qui a combattu et vaincu l’apartheid. Pour le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, Mandela demeure une source d’inspiration contemporaine dans notre quête pour la paix. Le pardon était au cœur de la lutte civile de Mandela, un thème qui le met particulièrement en harmonie avec les enseignements du Pape François.
Alessandro Gisotti – Cité du Vatican
«La seule façon légale de regarder une personne de haut en bas est lorsque vous lui tendez la main pour l’aider à se relever». Cette phrase, maintes fois répétée par le Pape François, décrit avec une efficacité particulière ce qu’a témoigné un grand homme de notre temps, dont aujourd’hui – le jour de sa naissance – les Nations Unies célèbrent la Journée internationale : Nelson Mandela.
A travers son combat pour la non-violence, à travers aussi son engagement de «rêveur qui n’a jamais abandonné» comme il aimait se décrire lui-même, Nelson Mandela a démontré qu’aucune personne n’était supérieure à une autre car nous disposons tous la même dignité. Et c’est précisément pour cette raison, selon l’expression chère à Jorge Mario Bergoglio, que «personne ne se sauve seul».
«Les vrais héros sont ceux qui font la paix et construisent»
Pour le dirigeant sud-africain, qui a payé de 27 ans de prison ses idéaux de justice et d’égalité, la domination blanche sur les personnes de couleur noire – et le contraire – était inacceptable. C’est pourquoi lorsqu’il est finalement redevenu un homme libre, le 11 février 1990, il fut élu président de son pays quelques années plus tard, et refusa radicalement toute tentation de vengeance de la part de la communauté noire. Nelson Mandela engagea au contraire un courageux processus de réconciliation et de guérison des profondes blessures que l’apartheid avait infligées au peuple sud-africain. Cet engagement lui a valu le prix Nobel de la paix et en fait encore aujourd’hui – neuf ans après sa mort – une des figures les plus inspirantes pour les nouvelles générations.
Comme l’a observé le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans un message pour la journée internationale Nelson Mandela, le dirigeant sud-africain «a démontré que chacun de nous a les capacités – et la responsabilité – de construire un avenir meilleur pour tous». Pour tout le monde, et pas seulement une partie d’entre-nous. Car comme le rappelle l’une de ses déclarations les plus citées, «il est facile d’abattre et de détruire. Les vrais héros sont ceux qui font la paix et construisent». Mais qu’est-ce qui a permis à Mandela de résister à la privation de liberté pendant près de trente ans de sa vie, avant d’être ce bâtisseur de paix que le monde a admiré et continue d’admirer ? Le pardon.
Avec le pardon, la libération de l’âme
Il est certain que Madiba, comme on l’appelait dans sa tribu d’origine, n’a pas pardonné à ses tortionnaires sans effort. Lui-même savait que dans les premiers moments après sa sortie de prison, la colère prédominerait en lui. Mais c’est précisément dans ce passage clé de son existence (et de l’histoire de l’Afrique du Sud) que, comme il le raconta plus tard, il entendit cet avertissement du Seigneur : «Nelson, pendant que tu étais en prison, tu étais libre ; maintenant que tu es libre, ne deviens pas leur prisonnier». Mandela décida ainsi de ne pas être pris au piège dans le passé, de laisser partir l’amertume. Il était conscient que «le pardon libère l’âme, supprime la peur. C’est pourquoi le pardon est une arme puissante».
Le pardon comme droit fondamental
Qui sait ce que dirait aujourd’hui Nelson Mandela devant l’affirmation du Pape François, demandant que le pardon soit considéré comme «un droit humain, parce que nous avons tous le droit d’être pardonnés» ? La fille Makaziwe nous a déjà donné une indication au fond, dans une interview aux médias du Vatican en décembre dernier. À notre question de savoir quel était le plus grand enseignement reçu par son père, elle répondait :
«Que personne ne naît en haïssant quelqu’un d’autre à cause de la couleur de sa peau, de sa culture ou de sa foi religieuse. On nous apprend à haïr, et si on nous apprend à haïr, il est aussi possible de nous apprendre à aimer, parce que l’amour vient naturellement à l’esprit humain».