Le nom de Dieu

En ce temps d’Avent et de Noël, nous rencontrons dans les évangiles et même dans les prophéties de l’Ancien Testament divers noms pour celui que nous célébrons : Jésus Christ.

Est-ce que cela peut créer une confusion ou est-ce que c’est une richesse pour notre foi ?

Dans la tradition du peuple juif, on parle parfois du fils de Dieu, surtout en référence à l’humanité – nous-même, créés « à l’image de Dieu » le Créateur. Cette filiation symbolique nous permet de penser à Dieu comme notre ‘Père’, celui qui nous a donné la vie et la capacité d’aimer et d’être aimés, l’essentiel de notre nature humaine.

Jésus, selon les évangiles, se nomme plutôt fils de l’Homme, ce que nous pouvons aussi interpréter comme descendant de ce premier homme qu’on appelle Adam, et nous rappeler cette image divine de la création.

En même temps, suivant le message de l’Ange, et en conformité avec la prophétie d’Isaïe 7, 14, nous le connaissons sous le titre d’Emmanuel, ‘Dieu avec nous’, ce qui renforce le lien entre sa divinité et notre humanité. Il est à la fois vrai homme et vrai Dieu. Nous chantons en décembre « Ô viens ô viens Emmanuel » en célébrant cette présence de Dieu dans notre monde. Mais peut-être oublions-nous d’employer aussi ce titre le reste de l’année ?

Bien sûr, pour nous Jésus est le Christ, le Messie, celui qui est oint comme roi et comme prêtre. Cela nous aide à accueillir le ‘royaume des cieux’ dont il nous parle si souvent, et à reconnaître sa place au centre de ce royaume.

L’onction, que ce soit la signification des dons des mages (Mt 2, 1-12) ou celle des pieds de Jésus (Mt 26, 10-13), nous donne cet autre titre par lequel nous le connaissons et par lequel nous nous appelons ‘chrétiens’, disciple du Christ.

Les disciples appelaient Jésus Rabbi (mon maître), un titre qu’il ne conteste pas (Jn 13, 13), car il est venu nous enseigner la vérité de notre salut par l’amour de Dieu exprimé en lui-même. Un amour qu’il nous demande de partager avec nos prochains.

Nous l’appelons souvent Seigneur, dans le même sens que ce mot ‘Adonai‘ (YHWH) est employé déjà par Abraham pour adresser Dieu. Et oui, nous nous adressons aux trois personnes de la Sainte Trinité avec ce même titre.

Jésus est aussi la Parole de Dieu (logos, Jn 1, 1) ou le Verbe (rhema, Jn1, 14) ce qui signifie qu’il est le messager et aussi, lui-même, le message. En sa propre personne se trouvent le chemin, la vérité et la Vie.

Agneau, Serviteur, Lumière, Résurrection, Vigne, Berger, Saint de Dieu ou simplement « Je suis« …… Les titres ne nous manquent pas ; chacun porte une richesse, si nous prenons le temps pour le méditer, en ouvrant notre cœur au souffle de l’Esprit.

Je reviens à la question initiale : comment l’appeler ?

« Tu lui donnera le nom de Jésus », dit l’Ange à Marie à l’Annonciation (Lc 1, 31). Cela est confirmé à saint Joseph, celui qui avait le droit de nommer l’enfant selon la Loi (Mt 1, 21). C’est son nom, Jésus, son nom personnel, le nom qu’il porte à Nazareth au sein de la sainte famille – Jésus.

Dans les mois qui viennent, l’Eglise, et surtout notre petite Eglise en Algérie, portera spécialement dans nos cœurs le bienheureux Charles de Foucauld, bientôt canonisé ‘saint’ Charles. Sa vie au désert pendant seize ans lui a permis d’approfondir beaucoup sa relation personnelle avec notre Seigneur Jésus. Mais il a toujours maintenu cette proximité de l’appeler ‘Jésus’. Pour nous, à Beni Abbès, à Tamanrasset ou à El Meniaa, il est notre cher « Frère Charles de Jésus » dans la simplicité de sa fraternité, sans rien diminuer de sa sainteté quand nous voudrons l’appeler, avec l’Eglise entière « Saint Charles de Foucauld ».

Qu’il intercède pour nous et nous rapproche de Jésus, l’enfant de Bethléem.

+  John MacWilliam

Evêque de Laghouat-Ghardaïa

21 Déc 2021 | A la une, Eglise d'Algérie

Print Friendly, PDF & Email

Église Catholique d'Algérie