La guerre en Ukraine, déclenchée le 24 février, bouscule les marchés céréaliers du monde entier, notamment celui du blé. Grenier de l’Europe, l’Ukraine est le plus grand pays agricole du Vieux continent, avec plus de 40 millions d’hectares de surfaces agricoles utiles, en grande majorité des terres noires, parmi les plus fertiles qui soient.
Entretien réalisé par Marine Henriot – Cité du Vatican
Chaque année, plus de 70% du blé produit en Ukraine part à l’étranger, mais la guerre bloque désormais une grande partie des exportations. La Russie représentant près de 10% de la production mondiale de blé, la céréale devient une arme diplomatique pour Moscou.
Pour éviter des pénuries au niveau national ou des hausses de prix, certains pays décident d’interdire les exportations de la précieuse céréale, c’est le cas de l’Inde, pourtant vue par les spécialistes comme une alternative au blé ukrainien ou russe. L’Inde est le deuxième plus gros producteur de blé au monde, mais le gouvernement -principal acheteur de blé en Inde- a défendu l’interdiction, arguant que la sécurité alimentaire pour sa gigantesque population devait être assurée.
Cette mesure, conjuguée à la diminution de l’offre mondiale en provenance de Russie et d’Ukraine, toutes deux parmi les cinq premiers exportateurs mondiaux de blé, a fait grimper les prix à des niveaux sans précédent sur les marchés des matières premières de Chicago et d’Europe. Avant la guerre en Ukraine et la canicule, il était prévu que la production de blé de l’Inde (109 millions de tonnes en 2021) et ses exportations (7 millions de tonnes) augmentent toutes deux cette année.
Le spectre de l’insécurité alimentaire
La guerre en Ukraine a renforcé les inquiétudes pour la sécurité alimentaire mondiale car les ports du pays sur la mer Noire sont bloqués. «Nous sommes très inquiets de la situation avec les grains en Ukraine», a commenté ces derniers jour la secrétaire générale de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC): «Nous avons besoin de corridors sûrs en mer Noire. La récolte a lieu le mois prochain».
L’analyse d’Arthur Portier, consultant chez Agritel, cabinet d’analyse et de conseil, spécialisé dans les marchés agricoles et agro-industriels.