« Spes non confundit », « l’espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5). Sous le signe de l’espérance, l’apôtre Paul stimule le courage de la communauté chrétienne de Rome. L’espérance sera également le message central du prochain Jubilé que le Pape proclame tous les vingt-cinq ans, selon une ancienne tradition. Je pense à tous les pèlerins de l’espérance qui arriveront à Rome pour vivre l’Année Sainte et à ceux qui, ne pouvant se rendre dans la ville des apôtres Pierre et Paul, la célébreront dans les Églises particulières. Qu’elle soit pour tous un moment de rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus, “porte” du salut (cf. Jn 10, 7.9). Il est « notre espérance » (cf. 1 Tm 1, 1), Lui que l’Église a pour mission d’annoncer toujours, partout et à tous. (Pape François)
1. Le mot jubilé ?
Le mot JUBILE vient d’un mot hébreu qui se dit YOVEL et qui veut dire bélier, la corne de bélier, trompette. C’est drôle Non ? Cette année spéciale est nommée par l’instrument de musique qui lance l’année : le jour du Yom Kippour, on sonne avec une corne de bélier. Ce qui est intéressant c’est que, en Grec, ça se dit aphésis, ce qui veut dire remise des péchés, pardon ; et en latin : remissionem, rémission, pardon. En français, jubilé sonne comme joie, jubilation. Vous voyez, ce mot est chargé de plein de sens.
(N.B. : dans le coran, la corne annonce la résurrection S78,18)
2. Que dit le texte ?
La Bible parle de Jubilé dans le livre du Lévitique au chapitre 25. Nous avons 27 fois le mot dans l’ensemble de la Bible et 20 fois dans ce même livre du Lévitique.
Ce chapitre parle de l’année sabbatique qui revient tous les 7 ans. Et puis du Jubilé qui revient tous les 7 fois 7 ans.
Que dit le texte ? En gros il dit ceci :
– Toutes les terres qui ont été vendues doivent pouvoir revenir à leur propriétaire du départ. Et toutes les dettes sont remises.
– Toutes les personnes ou familles qui ont été mises en servage, au service de personnes envers qui elles avaient des dettes, doivent être libérées et doivent pouvoir revenir sur leur terre. A noter que dans le peuple juif, on ne peut pas réduire en esclavage un juif, mais un étranger oui…
Donc, on a affaire à une remise à niveau de la société. C’est comme dans une partie de cartes où on redistribue les cartes. On repart à zéro.
3. Sens du Jubilé dans la première Alliance ?
Pourquoi y a-t-il cette loi dans la Bible ? Je dois préciser tout de suite que nous n’avons pas du tout de trace que cette loi ait été appliquée… Il y a comme quelque chose d’idéal que la Bible a voulu quand même garder. Quel est le fondement ?
Cela remonte à la promesse faite à Abram, de lui donner une terre et une descendance (Gn 12, 7 : « je donnerai ce pays à ta postérité. ») Le Jubilé repose sur cette promesse et pour se rappeler que c’est Dieu qui est le vrai donateur de toutes choses. Il y a un souci de justice sociale, qu’il n’y ait pas d’exploité, c’est vrai ; mais c’est surtout une manière de faire mémoire que la vie humaine et que la terre (avec toutes ses ressources) est don de Dieu. Il y a une dimension de l’espace (avec la terre) et une dimension de temps, de l’histoire avec la succession des générations. Le Jubilé, c’est une manière de nous rappeler que tout est don de Dieu, tout est cadeau de Dieu. Nous rappeler aussi que si nous passions plus de temps à remercier Dieu, à le louer, nous nous comporterions autrement, il y aurait moins de rancœur, d’injustice, de guerres. Le Jubilé, c’est être dans la gratitude. Et pour cela, il y a forcément un moment où on a besoin de se rendre compte qu’on n’est vraiment pas au point et qu’il nous faut demander pardon. Cela tombe bien parce que le Jubilé est le moment de la remise des dettes.
4. Et dans la Nouvelle Alliance ?
Le Nouveau Testament ne parle pas de Jubilé mais une fois parle d’une année de grâce (Lc 4, 19) lorsque Jésus, dans la synagogue de Nazareth, cite le prophète Isaïe au début de sa vie publique. Jésus est Celui qui ouvre un temps nouveau, celui qui réalise le projet d’amour du Père, Celui qui inaugure le Royaume… Le jubilé, c’est se relancer ensemble à vivre du Royaume en Jésus, avec l’Esprit Saint.
Pierre Davienne, Tébessa