Le Dieu et les saints invisibles.

Pas loin de la ville d’El Meniaa (El Goléa) dans le Sahara algérien se trouve la tombe de saint Charles de Foucauld. Après sa mort à Tamanrasset en 1916, son corps a été transféré en 1929 au village chrétien de Saint-Joseph, où il repose jusqu’à ce jour.

La canonisation du « frère universel » en mai de cette année a été une occasion de grande joie pour beaucoup de chrétiens en Afrique du Nord et partout dans le monde. Une bonne trentaine de pèlerins, venant du nord et du sud de l’Algérie, se sont rassemblés autour de la tombe le 15 mai – un petit reflet des centaines des milliers rassemblés autour du Saint-Père à Rome le même jour.

Pourquoi voulons-nous visiter les tombes des saints ? Ou de toute autre personne pour laquelle nous avons une dévotion ? Les corps restent, certes, mais l’esprit est parti et nous croyons fermement que, grâce au sacrifice de Jésus et à la miséricorde du Tout-Miséricordieux, les saints sont au paradis. Ils entendent nos supplications et ils intercèdent pour nous auprès de Dieu, que nous soyons ou non près de leurs tombes.

Sortant de l’esclavage et traversant le désert, le Peuple Choisi a voulu avoir un dieu visible, un veau d’or, pour enrichir sa prière. Et Dieu, le vrai Dieu, par la voix de Moïse, a dit « non » c’est moi seul qui suis votre Sauveur et je suis qui je suis – invisible.

Le matin de Pâques, le tombeau était vide – sans corps – pour indiquer que le Christ Ressuscité est visible parmi nous autrement, loin du cimetière. A l’Ascension Jésus n’était plus visible – c’est son Esprit, invisible, qui le remplace comme ‘Dieu avec nous, Emmanuel’. « Pourquoi restez-vous à regarder le ciel ?” (Ac 1.11). Jésus veut que nous croyions sans le voir (Jn 20.29).

Évidemment, beaucoup aimeraient visiter les tombes de leurs aimés mais ne peuvent pas à cause de la distance ou d’autres empêchements. Certains trouvent que la vénération des reliques des saints peut les aider à se rapprocher d’eux. C’est un peu comme l’aide qu’on peut trouver devant une image ou une statue – ils peuvent renforcer notre contemplation de la vie, de la sainteté, de la générosité de ceux qui intercèderont pour nous. Des personnes font la demande de reliques de saint Charles de Foucauld pour mieux orienter vers lui la prière de la paroisse, de la communauté ou parfois des malades à l’hôpital. C’est bien.

Les tombes, les reliques, et tout ce qui peut aider notre méditation ou nous rapprocher de Dieu par l’intermédiaire des saints sont bons. Il faut simplement veiller à ne pas devenir trop dépendants du visible, car notre Sauveur qui nous donne son corps à manger et son sang à boire, et les saints qui inspirent notre foi, entendent nos prières aussi bien dans les vastes vides du désert que dans les cathédrales et devant les reliquaires des grandes villes.

Il est avec nous. Ils sont avec nous. Soyons toujours et partout avec eux.

✞John Macwilliam

Église Catholique d'Algérie