La Passion du Christ ne finira pas de bousculer, d’interroger. En vivant les temps forts du carême, les fêtes de Saint Joseph et de l’Annonciation ainsi que la passion du Christ, chaque acteur, qu’il soit humain ou divin, interroge. Des interrogations qui posent toujours question. « Mon Enfant ! pourquoi nous as-tu fait cela ? », « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » Souvent du fond de nos méditations, nos requêtes les font sortir de leur silence un tant soi peu.
Interview
Rosalie : Que penses-tu de ton Fils Jésus hier et aujourd’hui ?
Marie : Mon fils, Notre Dieu est le même hier et aujourd’hui comme l’Ange Gabriel me l’a dit : « Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin… L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu…et son règne n’aura pas de fin… ». (Lc1, 32-35). J’ai cru en l’Ange. J’ai vécu avec mon Fils, sans toujours le comprendre, j’ai foi en lui, une confiance d’amour.
Rosalie : En plus d’être sa mère biologique, Comment encore te places-tu par apport à Lui ?
Marie : Il est avant tout mon Dieu et moi, son Instrument, sa Servante. Je suis une de ses disciples, j’apprends de Lui et je me laisse envoyer par Lui. Je suis la servante du Seigneur et je le demeure quand bien même on me proclame bienheureuse.
Rosalie : Tu l’as un peu devancé aux noces de Cana. Ne lui as-tu pas mis la pression ? N’était-ce pas toi qui l’envoyais ce jour là ?
Marie : Etant sa mère, comprenez que nous avons vécu ensemble assez longtemps avant qu’Il ne se révèle publiquement. j’ai appris à le connaître, à lui obéir autant qu’il m’obéissait. Je pouvais alors sentir, l’encourager, le pousser à se dire, tout comme ses disciples choisis lui posaient des questions à l’écart et le poussaient à s’expliquer davantage, à se dire davantage voire, mieux !
Rosalie : Il répondait parfois à tes questions par des questions comme à douze ans au temple : «…Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ? » (Luc 2: 48-49). Comment ressentez-vous cela ? Contrariant ou non ?
Marie : A moi aussi, il a eu besoin de se révéler mieux. Il a eu besoin de temps et d’occasion pour m’éclairer davantage et méthodiquement sur sa divinité, la raison de son incarnation, et ma vocation. Je le dis et le redis, je suis son disciple et le disciple n’est pas au dessus du Maître. Tout en Lui, était une confirmation de ce que l’Ange m’annonça.
Rosalie : Ses disciples l’ont abandonné mais et Toi ? Tu ne l’as pas défendu non plus, même présente à toutes les étapes.
P Marie : Par apport aux disciples mes frères et mes fils, j’avais une longueur d’onde. J’avais plus appris sur Lui et de Lui par l’histoire de mon peuple, par l’Ange Gabriel, par la prophétie de ma cousine Elisabeth qui a arrachée en moi le chant du Magnificat lors de ma visite chez elle. J’avais appris à Ses côtés à décoder « Ses questions-réponses », à mes interrogations. Quand il me dit : « je dois être aux affaires de Mon Père » ou « Que me veux-tu femme ?… » « Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? ». A mon neveu, Jean Baptiste qui ne comprenait pas qu’il vienne se faire baptiser au rang des pécheurs il a dit : « laisse faire », Etc. Je me devais de comprendre qu’il sait ce qu’il fait. Ma vocation a été te le donner au monde et non de le détourner de quoi que soit, ou encore de jouer à la maman vedette. Je me devais d’être avec Lui et pour Lui. Je connaissais mon Fils, je m’appropriais sa volonté, sa passion. Je l’aimais au dessus de tout.
Rosalie : Que s’est-il passé en toi quand tu as reçu nu, le corps ensanglanté, défiguré sans vie, Fruit de tes entrailles ?
Marie : J’étais en face de l’indicible. Je méditais et comprenais les prophéties de Jésus telle que: « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai.» Jn 2,19. J’ai renouvelé en ce moment précis, dans une douleur mêlée de sérénité, don de la grâce divine, mon fiat de l’Annonciation car, témoin oculaire de l’amour de Dieu en Jésus qui aime jusqu’au bout, se donne et pardonne sans condition. Du jamais vu ! J’ai compris la prédiction de Siméon : « Une épée te transpercera le cœur.» Lc 2,35. Je dois ma force à la grâce de Dieu. Oui ! « Rien n’est impossible à Dieu.» Lc 1, 37. Il faut y croire constamment.
Rosalie : Après ce scandale inédit de la Croix, tu te retrouvais avec les disciples de ton Fils qui avait fait preuve de lâcheté, de trahison, d’incrédulité… Quel est ton message?
Marie : Mes fils, disciples comme moi, ont eu peur et c’est légitime, la situation était insoutenable avec le risque de les perdre tous à la fois. Renier n’est certes pas noble, mais revenir sur ses pas est divin et c’est cela qui les restaure et nous lie de nouveau. Jean aussi est témoin avec moi au pied de la croix, en pardonnant à tous, nous sentions une paix profonde extraordinaire. Ce fut comme de l’aimant qui ramena tous ceux que la peur et le choc de la croix avait bloqué. En nous confiant l’un à l’autre Jean et moi, le rideau déchiré entre eux et nous se recousait plus neuf, plus beau et plus solide.
Rosalie : Qu’avez-vous à nous dire aujourd’hui encore ?
Marie : Jésus est vivant à jamais. Il est votre paix ! N’en cherchez pas ailleurs. Ne l’oubliez jamais. Il a promis « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps »Mt 28, 20. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » Mt 18,20. Contemplez-le avec les yeux de votre cœur. Vous avez tout en vous pour l’adorer même en larmes. Oui mes enfants ! Confiance n’ayez pas peur, Il a vaincu le monde! En mourant, il a crié : « j’ai soif ». Il a soif de vous. Votre confiance absolue en Lui, l’en abreuve! Ayez soif de son amour et laissez vous abreuver en Lui! Jésus, Dieu sauve, est le Chemin, la Vérité et la Vie ! (Jn 14,6). Jésus vous aime et moi aussi sa Mère-servante!
Rosalie SANON, SAB