En juin, Mgr. Paul Desfarges a fêté 50 ans de vie sacerdotale.
Oui, j’ose dire que je suis heureux d’être prêtre et d’avoir été appelé à être prêtre.
Je suis d’autant plus heureux que j’ai vécu un moment de grande crise intérieure où j’ai failli tout abandonner. Et c’est saint Paul, mon cher patron, qui m’a fait vivre un chemin de Damas, à Damas même, l’année même de mon ordination. J’avais été très travaillé durant mes études de philo : un peu Marx, mais surtout Nietzche et Freud. Cependant le jour de mon ordination a été un très beau jour, d’une grande joie.
Après mon ordination, je suis allé à Damas pour une dernière année de formation. Mais je suis retombé dans un grand désarroi.Je ne voyais plus comment je pourrais rester prêtre. On était début mai 1976. J’étais pris dans la grave crise qui a suivi le Concile Vatican II, années 70-75. Je vivais un grand doute sur la foi.
C’est alors qu’un ami syrien, avec lequel je faisais de l’arabe, me prête un livre de Maurice Clavel qui a priori ne m’attirait pas. Mais j’ai accepté par curiosité.Le soir même je commence le livre. Je l’ai avalé, c’est le mot exact…À la fin de la lecture, je suis tombé, oui,littéralement, tombé à genoux, le Je vous salue Marie est monté sur mes lèvres. Tout est revenu. Le Christ est vivant. L’Eglise est d’institution divine. J’étais heureux d’être prêtre. Je suis allé dire la messe à la chapelle dans une grande joie et, pendant trois jours, j’ai été sur un petit nuage rose.
La deuxième partie du livre m’a vraiment touché sur le mystère de l’homme, du Christ, de l’Eglise, du prêtre. La joie d’être prêtre ne m’a jamais plus quittée. Et j’aime quand je donne des retraites aux prêtres rappeler le mystère du prêtre.
A la messe nous nous réunissons autour du Christ, l’unique pierre de fondation de l’Eglise. Le prêtre fait signe (sacrement) que tout vient de Lui. Il fait signe du Christ. Ainsi, à la messe, quand le prêtre dit « Ceci est mon Corps », c’est le Christ vi- vant dans son Eglise qui dit « Ceci est mon Corps », dans la personne du prêtre. (Le sacerdoce n’est pas une question de pouvoir, même si ce qu’il est lui donne autorité…).
J’ai aimé et j’aime toujours servir notre petite Église. Elle est plantée dans la terre algérienne depuis le deuxième siècle. Ma joie demeure de servir notre Église comme don de Dieu dans le don de nos vies. Prêtres, laïcs-missionnaires, nous sommes tous des envoyés de l’Envoyé.
Dans ma mémoire, il y a bien sûr ces trente années à l’Université de Constantine. Unique chrétien dans cet Institut, je me sentais vraiment prêtre. Ces jeunes étaient mes enfants. J’ai toujours été ému de la confiance des étudiants, des collègues. Le prêtre, comme tout dis- ciple, est un artisan de la belle his- toire d’amour que l’Eglise vit avec son peuple.
Maintenant je le vis dans mon Nazareth d’Hippone, frère parmi mes frères et sœurs résidents de la Maison de nos Petites Sœurs des Pauvres. Tant que le Seigneur m’en donne la force, je continue à donner quelques retraites. J’aime aussi accompagner ceux que le Christ ne cesse d’appeler à porter son nom.
Marie et l’Esprit Saint continuent de me surprendre par l’attention qu’ils ont pour notre Église.
+ Père Paul