La culture du soin.

Au moment où s’ouvre l’année 2021, nous célébrons aussi la 54ème Journée Mondiale de la Paix célébrée en ce 1er Janvier. Après une année 2020 marquée par la crise sanitaire mondiale générée par le coronavirus, le pape François déploie son message pour la Paix autour de la « culture du soin », expression utilisée à douze reprises dans son message signé le 8 décembre dernier, en la fête de l’Immaculée Conception.

Adressé aux chefs d’État et de gouvernement, aux responsables d’organisations internationales, aux leaders spirituels, aux fidèles des différentes religions, aux hommes et aux femmes de bonne volonté, cet appel de l’évêque de Rome reprend une large partie de ses enseignements délivrés lors de l’année 2020 et puise, en particulier, dans sa dernière encyclique Fratelli tutti.

Je renouvelle mon appel aux responsables politiques et au secteur privé pour qu’ils adoptent les mesures appropriées afin de garantir l’accès aux vaccins contre la Covid-19 et aux technologies indispensables nécessaires pour assister les malades et tous ceux qui sont plus pauvres et plus fragiles”, écrit le Saint-Père dans son Message « La culture du soin comme parcours de paix » dévoilé jeudi 17 décembre, jour de ses 84 ans fêté discrètement.

Il a également rendu hommage à tous les médecins, infirmières, pharmaciens, chercheurs, bénévoles, aumôniers et personnel hospitalier qui “ont fait et continuent de faire de grands sacrifices pour être présents auprès des malades, pour soulager leurs souffrances et pour leur sauver la vie. En effet, beaucoup d’entre eux sont morts au cours de ce processus ”.

Le pape François a également exprimé sa déception de voir qu’avec la pandémie, “à côté de tous ces témoignages d’amour et de solidarité, nous avons également constaté une montée de diverses formes de nationalisme, de racisme et de xénophobie, et aussi de guerres et de conflits qui sèment la mort et la destruction”, jugeant qu’elles “prennent malheureusement un nouvel élan”. Pour lui, “le respect du droit humanitaire doit être rappelé, surtout en ce moment où les conflits et les guerres se succèdent sans interruption”. “Malheureusement, beaucoup de régions et de communautés ne se rappellent plus le temps où elles vivaient en paix et en sécurité” et “la famine s’enracine là où elle était inconnue autrefois”, a-t-il constaté.

Saisir la « boussole » des principes sociaux fondamentaux pour « imprimer un cap sûr et commun au processus de globalisation, un cap réellement humain », telle est l’invitation de l’Évêque de Rome. Avec cette boussole, il encourage chacun “à devenir prophète et témoin de la culture du soin afin de combler de nombreuses inégalités sociales”, insiste-t-il, après avoir relevé que la “barque de l’humanité” était particulièrement “secouée par la tempête de la crise”.

Pour le pape François, l’Église a hérité d’une “culture du soin” déjà présente dans les récits de la Genèse ou bien dans la tradition juive. Cet héritage, magnifié par Jésus-Christ dont la “vie et le ministère […] incarnent le sommet de la révélation de l’amour du Père pour l’humanité”, et porté par les chrétiens depuis 2000 ans, se trouve aujourd’hui résumé dans la Doctrine sociale de l’Église.

Les principes de cette doctrine forgent la boussole à laquelle le pape invite le monde à se référer. Elle s’offre “à toutes les personnes de bonne volonté comme un précieux patrimoine”. Et de détailler quatre grands principes qui constituent la “grammaire” de la culture du soin : “la promotion de la dignité de toute personne humaine”, “la solidarité avec les pauvres et les sans défense”, “la sollicitude pour le bien commun” et “la sauvegarde de la Création”.

Pour faire advenir cette culture, le pape François compte particulièrement sur les femmes. L’émergence de cette culture “sera possible seulement avec une participation forte et généralisée des femmes, dans la famille et dans chaque environnement social, politique et institutionnel”, insiste-t-il.

La promotion de cette culture demande aussi l’établissement d’un “processus éducatif”. La boussole des principes sociaux est un “instrument fiable” pour y parvenir. Détaillant son propos, le pape souligne que l’éducation au soin “naît dans la famille, élément naturel et fondamental de la société, où l’on apprend à vivre en relation et dans le respect réciproque”. Mais d’autres acteurs, comme l’école et l’université, doivent pouvoir y contribuer. Sur ce point particulier, le successeur de Pierre veut rassurer les pouvoirs politiques quant à l’apport de l’Église catholique en matière d’éducation.

Ne craignez pas l’Église : elle vous honore, vous éduque des citoyens honnêtes et loyaux, elle ne fomente pas de rivalités ni de divisions, elle cherche à promouvoir la saine liberté, la justice sociale, la paix. Si elle a quelque préférence, celle-ci va aux pauvres, à l’éducation des petits et du peuple, au soin de ceux qui souffrent ou sont délaissés”, affirme le pape en faisant siennes les paroles du pape Paul VI adressées au Parlement ougandais en 1969.

Le pape François, qui a programmé un voyage en Irak pour le mois de mars, pays emblématique pour avoir été en proie aux guerres et à la covid-19, a de nouveau regretté “les conflits et les guerres qui se déroulent sans interruption” dans le monde. Le Saint-Père souligne que la paix ne peut s’obtenir sans la culture du soin. Reprenant son vœu formulé dans sa dernière Encyclique Fratelli tutti de voir le bruit des armes cesser, il rappelle son exaspération devant les ressources “gaspillées en faveur des armes, en particulier les armes nucléaires”. Il appelle à prendre une “décision courageuse” en créant un “Fonds Mondial” avec l’argent dépensé pour les armes et autres dépenses militaires afin d’éliminer définitivement la faim et de contribuer au développement des pays les plus pauvres”.

Le Saint-Père lance aussi un appel aux chefs religieux qui peuvent jouer “un rôle irremplaçable dans la transmission aux fidèles et à la société des valeurs de solidarité, de respect des différences, d’accueil et d’attention à nos frères et sœurs les plus fragiles”.

L’invitation finale du pape François est adressée à chacun de nous, chrétiens, afin de se tourner vers Marie, la Mère de Dieu, “Étoile de la mer et Mère de l’espérance”, et tous ensemble “collaborer pour avancer vers un nouvel horizon d’amour et de paix, de fraternité et de solidarité, de soutien mutuel et d’accueil réciproque” en prenant soin les uns des autres.

Excellence, chers pères, frères et sœurs, si nous prenons la culture du soin tant revendiquée et souhaitée par le Saint-Père comme boussole, alors 2021 sera une Bonne et Heureuse Année et contribuera à faire avancer l’Humanité toute entière sur le parcours de paix. Je vous remercie.

Mgr Simon Kassas
Conseiller
Chargé d’Affaires a.i.

 

 

 

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