Du 16 au 18 novembre 2023 ont été vécues, sur la colline d’Hippone à Annaba, les quatrièmes Journées Augustiniennes. De belles célébrations de la gloire de Dieu à travers des facettes de Saint Augustin. Des exposés, des conférences et échanges sur lui, son parcours, ses œuvres et la visite des lieux, témoins de son existence humaine… Ces moments de souvenirs ont été commémorés dans une ambiance fraternelle grâce au concours des Pères de l’Ordre de Saint Augustin, à Mgr Nicolas, spécialiste des Pères de l’Eglise et Sabah FERDI, une archéologue de renom en Algérie.
Saint Augustin de retour à la maison
Au flanc de la colline où trône royalement la basilique Saint-Augustin, on aperçoit l’effigie de Saint Augustin qui tend son cœur à tout venant. Ce cœur passionné de Dieu que Dieu lui-même s’est acquis au prix des larmes d’une femme, sa mère Monique ! Cette main tendue a attiré en ces lieux une bonne soixantaine de personnes de différents diocèses, rang, âge et statut social. Un participant l’a dit : « du regret aux absents ». C’était le cas de le dire. Ces journées sont les quatrièmes du genre sous des thèmes différents tout aussi riches de messages édifiants.
Dans son mot de bienvenu, le Recteur de la Basilique, P. Fred Wekesa, dit Farid, tint d’entrée de jeu à remercier l’assemblée et à rappeler ce qui pour lui, est essentiel : « Il y a quatre ans que nous avons démarré ces journées Augustiniennes pour deux raisons : d’abord pour découvrir ou redécouvrir les lieux historiques que saint Augustin a parcouru, et ensuite pour faire avec lui une expérience personnelle». Le décor était ainsi planté. Pour une expérience personnelle, c’en était vraiment une et cela fera dire à un participant sur un ton grave : « C’est ma première fois de venir à Annaba, j’ai toujours entendu parler de St Augustin et de ses confessions vers le quatrième siècle, mais en ce moment, j’ai l’impression qu’il est de retour encore ici. » Imparable !
Ces quatrièmes journées ont été précédées par trois autres, a rappelé également le recteur de la Basilique : « Nous avons organisé la première journée augustinienne en août 2020 sous le thème du Donatisme. En août 2021, le th
ème était : La citoyenneté dans la cité de Dieu ; en août 2022, la paix selon saint Augustin ». Les journées de cette année, sont sciemment organisées au mois de novembre autour de sa date de naissance pour permettre à un plus grand nombre d’en profiter, aussi, pour bénéficier d’un climat plus clément. Ces journées ont connu essentiellement trois temps et trois principaux intervenants.
Après la messe dominicale anticipée du vendredi 17 novembre, Père Michel nous entretient du compte rendu du Synode des évêques d’octobre 2023 à Rome en tant que délégué. C’était sa première participation à un si grand rendez-vous de l’Eglise. En attendant le document officiel post-synodal, il s’est contenté non sans émotion, de témoigner de sa joie, et de ses acquis personnels de l’événement, l’ambiance et la méthode. La formule synodale a édifié. Un participant a témoigné spontanément que tous les décideurs doivent entendre et comprendre cet exemple de l’Eglise : « On n’est pas là pour faire passer son idée, ni pour sceller ce que veut la majorité mais pour faire place à l’Esprit Saint, formidable ! L’Eglise est vraiment sainte ».
L’après-midi du vendredi a été très spirituelle, une récollection sur la prière selon St Augustin, présidée par Mgr Nicolas Lhernould, successeur et héritier de saint Augustin après tant d’autres. Ce fut également un moment très révélateur, très apprécié et les témoignages ne tarissent pas. Les participants ont eu ainsi l’eau à la bouche et s’accrochaient volontiers pour recevoir encore davantage. Et ce sera fort heureusement le cas.
Le lendemain 18 novembre, une archéologue algérienne Mme Sabah Ferdi tint en haleine l’auditoire encore plus nombreux que la veille. Elle fut la conservatrice du site de Tipasa dans les environs d’Alger. Imposante, libre, la voix captivante, elle a fait son exposé sur le thème : « Balade au pays d’Augustin ». S’appuyant sur une projection d’images, elle conduisit son public sur les routes parcourues par saint Augustin avec une grande précision et une passion contagieuse. Ce fut aussi un pèlerinage en esprit et un retour au temps d’Augustin. De cette belle et copieuse conférence, on peut retenir entre autre ce qui suit. Qui dit traces de voyages, dit des paysages et des visages. St Augustin se déplaçait pour aller défendre ceux qui étaient soumis à différentes oppressions, défendre les fidèles contre les hérétiques… Il était une voix forte de l’Afrique. Quand il parlait, tout était entendu. Alors on le chargeait des missions les plus délicates. Ses ouvrages sont nés des questionnements de ses fidèles et des ses voyages. Il a forgé une spiritualité des voyages: « Avance sur ta route car elle n’existe que par ta marche ». Courageux et prudent, il se faisait accompagner par ses amis et ses confères évêques à causes des dangers de la route et avec les moyens de son époque.
Avant son ultime voyage vers le haut, il a laissé un abondant patrimoine. Son influence spirituelle, ses voyages physiques et intérieurs, dépassent aujourd’hui l’Afrique par l’intégrité de sa vie. Il meurt à 76 ans après 35 ans d’épiscopat. Eh oui ! « la récompense de Dieu c’est Dieu lui-même » ! Dixit saint Augustin.
Sr Rosalie SANON, SAB