Irak: l’Église chaldéenne presse au « dialogue national » pour éviter le chaos

Les élections législatives du 10 octobre dernier et leurs conséquences ont fait replonger le pays dans le chaos. Le patriarcat chaldéen lance une solennelle mise en garde: si aucun dialogue impliquant toutes les composantes de la société n’est entrepris, la nation irakienne tout entière, épuisée par des décennies de guerre, risque de sombrer.

L’avertissement porte une tonalité anxieuse, presque désespérée. Dans ce message, publié sur les divers réseaux de communication du patriarcat chaldéen, un appel pressant est lancé pour qu’un dialogue national, «sincère et courageux» rassemble tous les acteurs de la société -leaders politiques, intellectuels et leaders religieux- intéressés à garantir la fiabilité du processus électoral et le respect des résultats du scrutin.

Progression des sadristes 

«Ce n’est qu’en suivant cette voie qu’il sera possible de parvenir à une solution acceptable conformément à la constitution et à la loi irakiennes, afin d’accélérer la formation d’un gouvernement d’un gouvernement national capable de corriger le cap, de lutter contre la corruption, de protéger la souveraineté et l’unité du pays et de sauvegarder la sécurité et la dignité des Irakiens», peut-on notamment y lire.

Les élections législatives irakiennes du 10 octobre ont vu la progression du parti sadriste, dirigé par le leader chiite Muqtada al Sadr, qui aurait remporté 73 des 329 sièges de la nouvelle assemblée parlementaire, et une nette défaite du bloc Fatah, considéré comme proche des milices chiites pro-iraniennes de Hashd ai Shaabi, qui n’aurait remporté que 15 sièges contre les 48 sièges contrôlés dans le précédent parlement par les groupes faisant désormais partie de la coalition. Le taux de participation est estimé à 41%, soit le chiffre le plus bas des six élections législatives organisées en Irak depuis 2003, après la fin du régime de Saddam Hussein.

Tentative d’assassinat du Premier ministre

Depuis l’annonce des premiers résultats, les dirigeants du bloc Fatah ont refusé de reconnaître leur défaite, invitant leurs partisans à descendre dans la rue. À Bagdad, les manifestants se sont rassemblés aux abords de la zone verte -quartier ultra-protégé de la capitale où se concentrent les siège des institutions, ainsi que les représentations étrangères-, en accusant la commission indépendante d’avoir falsifié les résultats. Le recomptage des bulletins de vote est en cours dans certaines circonscriptions, où des appels ont été déposés sur la base de documents fiables.

Le 5 novembre, de violents affrontements ont eu lieu entre les forces de sécurité et des manifestants du Fatah qui avaient tenté de pénétrer dans la zone verte. Selon des sources médicales, les affrontements ont fait deux morts et 125 blessés. Puis, le 7 novembre, la résidence du Premier ministre irakien Mustafa al Kazimi a été attaquée par un drone. Heureusement, l’opération terroriste n’a pas fait de victimes, mais elle a risqué de plonger le pays dans le chaos d’une guerre civile, en rouvrant l’affrontement direct entre sunnites et chiites.

Église Catholique d'Algérie