Le mot « Avent » vient du latin « adventus » qui veut dire arrivée, venue. Par ce mot, l’Église désigne le temps pendant lequel les chrétiens attendent la venue du Christ qui est fêtée à Noël. L’Avent débute quatre dimanches avant Noël. C’est un temps de préparation marqué par la symbolique de l’attente et du désir.
L’Attente !
L’attente, une expérience que chacun fait d’un moment à l’autre de sa vie. Telles les personnes confinées en ce moment loin de chez elles, loin d’un être cher, loin de leur poste de service. Attente d’un avion vers une destination souhaitée ou nécessaire à notre activité. Notre vie est faite d’’attentes : attente d’une information, des nouvelles d’une personne, d’une année scolaire, académique, d’un résultat, d’un examen, d’une embauche, d’une reconnaissance, d’un mariage, d’un appel, d’un diagnostic, d’une guérison, d’un cadeau, d’une grâce etc. Notre vie est tissée d’attentes. En voici un exemple significatif.
Expérience de Stella.
Stella vient de passer le BAC. Les résultats seront disponibles dans trois semaines. Trois semaines d’attente qui pour elle ressemblent à trois ans d’attentes. Et pour cause, quatre jours après les résultats, elle aura 18 ans jour pour jour. Son père s’est engagé. Il lui donnera ce qu’elle veut en fonction de ses moyens et il se fera un plaisir de lui donner satisfaction, seulement et si elle décroche le BAC. Un père prudent qui n’a rien à voir le roi Hérode ni avec la princesse Hérodiade. Une attente de trois semaines et quatre jours : c’est parti ! Commence alors le compte à rebours.
Stella est sûre d’avoir son BAC, elle a été accompagnée par un papa très prévenant qui lui en a donné les moyens. Elle obtenait toujours tout ce qu’elle voulait de son père, même sans le demander. Pourquoi l’attente des résultats devenait si longue ? Elle languissait tant l’enjeu de son espérance était pour elle, inespéré, inédit, sacré. Elle multipliait ses visites auprès de Gaston, son grand-père adoré, son complice, son conseiller. Que préparaient-ils tous les deux ? Wait and see !
Firmin, le papa de Stella était tout aussi stressé, bien que sûr de la réussite de sa fille : « Pourrais-je être à la hauteur de ma promesse ? », « Que me demandera-t-elle ? », That is the question !
Firmin se prépare, consulte ses comptes, ses avoirs, prévoit des dettes et leur modalité de remboursement. Tout pour le bonheur de sa fille ! Il sonde Stella, récolte un large sourire très contagieux mais rien d’autre ne filtre de ses intentions.
Arrivent enfin les résultats ! Elle est admise avec une superbe mention. C’est la fête ! La joie ! Les voisins s’en mêlent, leur présence retarde le dénouement de la promesse. Avec la tombée de la nuit, Dieu merci, chacun rentre chez soi. Firmin, en présence de son père Gaston, renouvelle sa promesse de cadeau à sa fille Stella. C’est alors qu’il surprend un regard complice entre son père Gaston et sa fille Stella. Intrigue d’une attente ! Un signe de son grand-père, et voilà que Stella tombe à genoux devant son père et que, prise de sanglots, elle bégaie, balbutie un nom : « Raïssa », ensuite « ma mère » puis, se ressaisissant, elle termine par une phrase plus audible : « Je demande comme cadeau le retour de ma mère parmi nous ». Papy Gaston essuie ses larmes en acquiesçant ! Firmin a compris la nature de leur entente, de leur concorde.
Contrarié, il semble un moment sourd et muet. Il tremble, baisse la tête, ensuite la tourne à gauche et à droite comme pour se réveiller ou chasser un cauchemar. Refuser ? Ce serait une grande première dans son histoire avec sa fille. Décliner cette demande ? Ce serait convertir leur joie en profonde déception, voire en trahison. Sa fille venait de le contrarier profondément pour la première fois. Fallai-il lui rendre la pareille comme cadeau de réussite au BAC et pour son anniversaire ? Et quel anniversaire ? Celui de sa majorité ! 18 ans! Une autre attente s’éternisait, celle de la réponse de son père Firmin.
Comme toute réponse, Firmin sort son téléphone de sa poche et appelle Raïssa, lui annonce dans un premier temps le succès de sa fille et d’une voix douce, sollicite un rendez-vous avec elle. Dans l’attente de ce nouveau rendez-vous les larmes fusent de part et d’autre. Stella se jette dans les bras de son père en écartant son téléphone, Gaston ouvre grand ses bras et les maintient tous deux dans cette posture !
Stella obtint la réconciliation et le remariage de son père et de sa mère 6 ans après leur divorce et mit fin aux fiançailles de son père avec une autre. Comme quoi, rien n’est trop pour celle ou celui qu’on aime.
Marana thà ! Seigneur, viens !
Temps de l’Avent, qui attend qui ?
L’Église, comme Marie, porte en elle l’Enfant de Noël.
Dieu attend chacun de nous !
Bon et fructueux temps de l’Avent à tous !
Rosalie SANON, SAB