En cette journée de la femme, témoignage d’une sœur, visiteuse de prison

J’étais en prison et vous êtes venu jusqu’à moi

Je prépare ma visite à la prison :

Les feuilles de la Parole de Dieu pour le dimanche qui vient.

La liste des prisonniers. Actuellement ils sont 20.

Objets demandés par les uns et les autres.

Messages des familles, c’est très important pour rester en lien, pour continuer à vivre avec la famille, souvent aussi pour favoriser la réconciliation. Finalement j’entre beaucoup dans la vie des familles. Je découvre des personnes à travers les relations avec leurs proches, femmes, enfants, parents, amis.

Samedi 14h. Je suis prête. Je passe à la chapelle.

Je demande au Seigneur : « Envoie-moi. J’y vais en ton nom. »

Soeur Danuta Kmieciak (SB)

Je quitte la maison, je marche vers la prison (15 min). C’est un chemin de prière, j’égrène le chapelet. C’est samedi, donc je médite toujours les mystères glorieux, la vie renaît, la joie après la peine…Je parle aussi aux anges pour qu’ils préparent le chemin au-devant de moi. Je franchis la porte d’entrée de la prison.

Je soigne les relations avec ceux que je rencontre sur mon passage, les gardiens, autres personnels. Je les salue, je dépose des choses, je donne la liste…

Je m’oriente vers la salle d’attente. Quand nous sommes à deux, on échange Rose et moi, sur nos frères que nous venons visiter.

Sinon je continue la prière, je lis les textes de la Parole de Dieu. Je me laisse toucher par cette Parole qui est là pour nourrir notre prière.

Puis ils arrivent ensemble. Nous sommes tous en train de sourire ; salutations, embrassades, poignées de mains, la joie, les échanges interpersonnels avec moi et entre eux. Cette rencontre est une fête.

Je m’approche de chacun. J’écoute, je note, je leur donne des nouvelles. Au bout d’une heure, quelqu’un du groupe appelle à la prière ! Prions ! Le temps est trop court.

C’est la lecture de l’un ou l’autre texte en intégrant les anglophones. Au début quelques phrases d’explication, de catéchèse.

On les laisse réagir, poser des questions, exprimer leurs remarques, leurs sentiments. Certains aiment relever une phrase ou l’autre, une parole qui les fait vivre, tirée souvent tirée du psaume.

Le partage est très important car à travers les témoignages nous découvrons comment Dieu agit dans la vie de chacun. Des témoignages parfois bouleversants. Le Seigneur répond à la prière, agit, sauve des vies, change les cœurs. Alors c’est la louange qui monte dans nos cœurs. Nous chantons, chantons, chantons… Comme il est important de chanter !!! de faire sortir de nos lèvres des sons et des paroles de louange, de foi, d’action de grâce. Nous grandissons ensemble dans la confiance totale dans le Seigneur. C’est moi qui ai le plus à apprendre dans ce domaine !

La Parole travaille les cœurs. Merci pour la Parole ! Plusieurs m’ont demandé    la Bible. La prière est fervente, malgré les détresses portées par les uns et les autres. Ils me disent combien ils se réjouissent vendredi soir sachant que samedi on se rencontre. Mes rares absences dans l’année sont annoncées à l’avance. Je ne peux pas trahir leur attente.

Ma vie a changé depuis que je visite les prisonniers. Une bonne partie de mes frères je les visite tous les samedis depuis une, deux ou trois années. Nos rencontres et la prière créent des liens très fort entre nous. Ils me demandent de prier pour eux, et spécialement le jour de leur jugement. Ils croient à la puissance de la prière. Eux aussi m’assurent de leur prière pour moi tous les jours. Et franchement je me sens portée par cette prière, par la grâce, par la joie.

Je reçois beaucoup de ces rencontres :

Ma foi grandit.

J’ai une grande famille à travers le monde avec qui je communique souvent !

J’accepte de porter avec eux leurs poids.

Je rentre à pied avec ce poids que peu à peu Quelqu’un enlève de mes épaules.

Je rentre à la maison vers 17h.

Nous prenons un thé ensemble,Rose et moi.

Ensuite je m’assois devant l’ordinateur.

La page FB s’affiche. Je relis mes notes pour ne rien oublier.

J’envoie les messages, je téléphone à leurs proches en Algérie.

Je finis ce travail entre 21-22h.

Je prends des rendez-vous avec leurs amis pour la semaine pour des commissions qui ne peuvent se faire qu’en direct. Ils viennent à la maison.

Je ne vais pas à la prison de gaité de cœur.

Mais si je n’avais pas cet engament quelque chose de fondamental manquerait à ma vie et à ma vocation de suivre le Christ !

Danuta Kmieciak

 

 

 

 

 

 

8 Mar 2022 | A la une, Témoignages

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Église Catholique d'Algérie