Non-baptisé et incroyant, un jeune charpentier a été sauvé par l’intercession de l’ermite du désert, qui sera canonisé le 15 mai.
« Le mercredi 30 novembre 2016, en fin de journée, je suis informé qu’un de mes employés vient de passer à travers la voûte de la chapelle du lycée Saint-Louis, sur un chantier de charpente où il travaillait, à Saumur. Gravement blessé après sa chute, il a été transporté puis hospitalisé », raconte François Asselin, chef d’une entreprise de bâtiment spécialisée dans la restauration de patrimoine et président de la Conférence française des petites et moyennes entreprises (CPME).
Aussitôt, son épouse Marie-Claire envoie des sms à tous leurs amis, demandant d’invoquer le bienheureux Charles de Foucauld afin qu’il intercède pour ce jeune ouvrier de 21 ans. Leur paroisse de Saumur, dans l’Ouest de la France (région Pays de la Loire), est dédiée à Charles de Foucauld, qui résida un an dans cette ville lorsqu’il était à l’école militaire de cavalerie, et – depuis plusieurs mois – le curé, l’abbé Vincent Artarit, propose aux fidèles de réciter chaque jour sa célèbre prière d’abandon.
L’accident du jeune charpentier s’est produit à l’heure liturgique de la vigile du centenaire de la mort de Charles de Foucauld, célébré le jeudi 1er décembre 2016. Trois jours après l’accident, François Asselin rend visite au blessé à l’hôpital d’Angers, où il a été opéré d’urgence. Au lieu de se plaindre, le jeune, qui se prénomme Charle – sans s – s’excuse auprès de son patron pour le problème qu’il lui cause. François Asselin est bouleversé par cette grandeur d’âme et écoute avec une profonde émotion le récit de l’accident par la bouche de son employé alité, dont le visage christique rappelle étrangement celui de Charles de Foucauld.
Quand il a senti la voûte céder sous son poids, il s’est allongé et a pris sa tête dans ses mains, en tombant dans le vide. « Je me suis abandonné », dit-il, sans se rendre compte qu’il rejoint par ces mots l’attitude spirituelle fondamentale de Charles de Foucauld… Il s’empale environ 15 mètres plus bas sur un banc de la chapelle : le montant en bois de 60 centimètres de long lui transperce l’abdomen, passe sous le cœur et les poumons et ressort dans le dos. Le jeune homme évite de sortir par la cour du lycée, pour ne pas effrayer les élèves, et appelle à l’aide en empruntant une porte latérale.
Les pompiers qui arrivent précipitamment lui font une piqure pour calmer ses souffrances et l’ambulance le conduit à Angers, à 55 minutes de route, où finalement les médecins vont constater qu’aucun organe vital n’est touché ni aucun os fracturé… François Asselin, à son chevet, lui offre une bande dessinée de Charles de Foucauld et lui explique que ce dernier n’est peut-être pas étranger à l’issue plus qu’imprévue de cet accident. Charle, qui n’est ni baptisé ni croyant, s’entend dire par un de ses collègues : « Dieu est tellement bon qu’il t’a sauvé la vie sans même te demander de croire en lui »…
Le jeune s’en tirera avec deux belles cicatrices, acceptant que son dossier soit étudié par l’Eglise. En effet, l’évêque de Laghouat, au Sahara algérien, prévenu par mail, transmettra les documents au Père Bernard Ardura, postulateur de la cause de canonisation de l’ermite du désert, apôtre des non-chrétiens et des « lointains ». Le prêtre postulateur, après enquête sur place à Saumur, commentera les faits avec ces mots du Christ dans l’Evangile, à propos de la puissance de la prière : « Demandez, et vous recevrez ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira » (Matthieu 7,7).
Le mardi 26 mai 2020, le pape François a autorisé la publication du décret de la congrégation romaine pour les causes des saints, reconnaissant ce miracle attribué au bienheureux Charles de Foucauld. Le jeune Charle et François Asselin, entourés de leurs proches, seront présents à la canonisation prévue à Rome le 15 mai prochain.
François Vayne