Dans ma vie j’ai vécu beaucoup d’attentes

Entré définitivement chez les « Pères Blancs » en 2007, Anselme TARPAGA, est en ce moment Provincial pour la région du Maghreb depuis 2017. Il est arrivé en Algérie pour la première fois en 2012 et n’a quitté le pays que pour des moments de formation à Nairobi, au Caire et à Rome. Il a bien voulu nous faire part d’une de ses expériences de l’attente. L’attente, une expérience inédite du peuple choisi.

Quand le moment décisif

se faisait proche !

 

S’il est vrai que j’ai vécu beaucoup d’attentes, celle qui a précédé mon engagement définitif chez les Pères Blancs et mon ordination sacerdotale reste l’une des plus marquantes de ma vie. C’est aussi un cheminement intime et profond, un secret d’amour dont tout ne peut pas être dit au grand jour, même si nous vivons dans l’ère du « tout communiquer et du tout savoir ». Ceci dit, je vais essayer de me livrer le plus possible.

J’étais alors à Nairobi, au Kenya, dans un de nos centres, en 4ème cycle avec d’autres confrères séminaristes et candidats à la vocation de Pères Blancs, venant de plusieurs pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Europe. On avait tous, en plus du cycle de philo et de l’année spirituelle, deux ans d’expériences apostoliques très riches et variées. A quelques exceptions près, on brûlait tous du désir de finir notre théologie et de repartir en mission là où on avait fait notre stage. Pour moi c’était Ghardaïa. Mais ce retour en mission, en tant que prêtre ou frère, dépendait évidemment de notre admission au Serment missionnaire et au sacerdoce (pour les candidats à la prêtrise).

Personnellement, pendant les trois premières années j’étais très passionné par les études et le bouillonnant milieu intellectuel et culturel de Tangaza Collège. Aussi, même si je désirais retourner en mission là où j’avais effectué mon stage, je profitais beaucoup du moment présent pour savourer mes cours de théologie et ceux d’Administration que je suivais parallèlement. Les rencontres à Nairobi étaient également passionnantes, tant au niveau pastoral qu’au cours de la vie quotidienne.

C’est au début de ma quatrième année que le sentiment de l’attente a commencé à grandir en moi. Je sentais que le moment décisif se faisait proche ! Il était temps de m’asseoir pour écrire sur une feuille blanche mon désir de m’engager à vie avec les Pères Blancs ou bien de passer à autre chose. Les Pères devaient aussi me dire s’ils me jugeaient apte ou non à continuer avec eux ! Bien que ce ne fût pas la première fois que j’avais à écrire une demande pour continuer ou recevoir une admission : (j’ avais déjà fait cette démarche au cours du premier cycle, à la fin de l’année spirituelle, etc…) celle-ci me semblait être la plus importante , au point de m’apparaître nouvelle et inédite ! Je n’éprouvais pas cette peur qui paralyse, mais, il faut l’avouer, malgré mes 29 ans et le fait d’être au bout d’un parcours de 10 ans, il y avait quand même une certaine crainte et anxiété en moi. Tout à coup, tu te dis, « déjà 10 ans ! », « Suis-je vraiment prêt ? » Bref, je me voyais à la fois grand et petit ! Grand et adulte, car à 29 ans on doit savoir ce qu’on veut dans la vie et pouvoir choisir ! Mais petit en pensant à la beauté et à la grandeur de ce mystère d’union au Christ pour la mission à travers l’engagement missionnaire et l’ordination diaconale en vue du sacerdoce.

Un autre défi était la préparation de tout cela : on était 8 Pères Blancs pour l’engagement missionnaire qui se fait traditionnellement la veille du diaconat. Pour l’ordination diaconale on était avec les franciscains. La préparation liturgique des deux évènements devait prendre en compte l’expérience commune de nos parcours, mais aussi l’écoute et l’expression de la particularité de chacun.

En ce qui me concerne, mon stage vécu en Algérie et mon apostolat avec les croyants d’autres religions dans les bidonvilles de Nairobi demeurent des expériences marquantes ! Notre Dame d’Afrique, présence de Marie aux croyants de l’Islam, était le modèle missionnaire que je voulais imiter et vivre tout le reste de ma vie. Comme elle rapidement auprès d’ Élisabeth me laisser accueillir et vivre le partage de la Bonne Nouvelle ! J’avais choisi comme devise une citation d’un des moines de Tibhirine dont on ne parle pas beaucoup, le Frère Bruno. Son texte exprime ce que je sentais au moment de mon engagement missionnaire et de mon ordination tant diaconale que sacerdotale : « Me voici devant vous ô mon Dieu… Me voici riche de misère et de pauvreté (…) devant vous qui n’êtes qu’Amour et Miséricorde »

En effet tout cela était à mes yeux comme une incarnation : un Dieu si grand et si riche d’amour qui me choisit moi, petit, pour y faire sa demeure, et de là se communiquer au monde !

C’était mon Avent ! Le serment et l’ordination ont été mon Noël, mais un Noël toujours en cours !

Propos recueillis par

Rosalie SANON, SAB

 

 

13 Déc 2020 | A la une, Témoignages

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Église Catholique d'Algérie