Fin février s’est achevée à Pavia l’année jubilaire des 1300 ans de l’arrivée du corps de saint Augustin dans la ville (sur les circonstances historiques de cet événement, on peut se reporter à l’article publié l’an passé sur notre site : https://eglise-catholique-algerie.org/peres-de-leglise-1300e-anniversaire-de-la-translation-des-reliques-daugustin-a-pavie/).
A l’issue de la messe du 25 février, la châsse contenant les reliques d’Augustin fut exposée à la vénération de tous, puis reposée lors de la messe du lendemain sous l’écrin précieux de l’arche gothico-lombarde surplombant l’autel majeur de la basilique Saint-Pierre-au-Ciel-d’Or. Une très belle cérémonie, présidée par le cardinal Prévost, ancien supérieur général de l’Ordre de Saint Augustin, désormais président du dicastère pour les évêques à Rome. Une atmosphère simple et familiale, en ce lieu magnifique au cœur de l’ancienne capitale du royaume lombard, à quelques dizaines de kilomètres de Milan.
Le 24 février, j’eus l’occasion de visiter, sous l’esplanade de l’actuelle cathédrale de Milan, le baptistère où Ambroise, alors évêque de la ville, donna le baptême à Augustin, dans la nuit pascale du 24 au 25 avril 387. Un moment très émouvant, au cœur des vestiges témoins de cette célébration fondatrice dans la vie d’Augustin, de son fils Adéodat et de son ami d’enfance Alypius, qui reçurent le baptême en même temps. Une liturgie baptismale qu’Ambroise présente avec de nombreux détails dans son traité De Sacramentiis et Mysteriis, et dont Augustin donne un vibrant témoignage au livre IX de ses Confessions :
« Ensuite, quand vint le moment où il fallait donner mon nom, nous quittâmes la campagne pour revenir à Milan. Alypius, lui aussi, décida de renaître en toi avec moi il était déjà revêtu de l’humilité qui convient à tes mystères, et il avait vigoureusement dompté son corps jusqu’à fouler, pieds nus, le sol glacé de l’Italie, avec une intrépidité peu ordinaire. Nous nous adjoignîmes également le jeune Adéodat, le fils de ma chair et de mon péché. Tu avais fait de lui une belle œuvre : il avait environ quinze ans et déjà dépassait en intelligence bien des hommes graves et instruits. […] Et nous reçûmes le baptême, et s’enfuit loin de nous l’inquiétude pour notre vie passée. Et j’étais insatiable en ces jours-là de l’admirable douceur que je goûtais à considérer la profondeur de ton dessein sur le salut du genre humain. Que j’ai pleuré dans tes hymnes et tes cantiques, aux suaves accents des voix de ton Église qui me pénétraient de vives émotions ! Ces voix coulaient dans mes oreilles, et la vérité se distillait dans mon cœur; et de là sortaient en bouillonnant des sentiments de piété, et des larmes roulaient et cela me faisait du bien de pleurer. »