Protection des mineurs et des personnes vulnérables, cellules d’écoute…
A quel point en sommes-nous en Algérie?
On peut voir les choses de deux manières différentes: « Puisqu’il ne semble ne pas y avoir de cas de scandale dans notre Eglise d’Algérie, vos cellules d’écoute, vos activités de prévention sont superflues ». Ou bien: « afin que nous puissions disposer des communautés et d’activités qui offrent un cadre sécurisé, vos cellules d’écoute et vos activités de prévention doivent continuer. »
Notre Eglise d’Algérie n’a pas succombé à une mode, imposée de l’extérieur et sans lien avec notre réalité locale. La protection des personnes vulnérables, et Dieu sait bien qu’il y en a beaucoup! est une des missions de tout (bon) pasteur ayant le soucis de son troupeau face au loups, parfois déguisés eux-mêmes en agneaux!
Les activités de prévention ont permis, avant tout, d’aborder les thèmes de la sexualité et du pouvoir dont on parle si peu de manière ouverte et franche. Dans ce domaine, nous ressemblons à la culture de notre pays d’accueil !
À travers des carrefours, des projections de court-métrages, de réunions avec les jeunes, les prises de parole dans les rencontres de la vie consacrée, la participation à des rencontres internationales, la rédaction d’articles pour nos publications, les interventions dans les aumôneries ou dans les divers parcours de formation, la promulgation d’un protocole commun aux différents diocèses de la CERNA, l’affichage dans nos locaux d’un poster avec les numéros à contacter en cas d’abus ou de soupçon, la formation de tout le personnel de la dissoute CARITAS Algérie aux notions de sauvegarde et de protection… tout cela, et bien plus, à permis concrètement de mettre des mots derrière des réalités parfois floues, parfois du passé, d’être en garde contre certaines (possibles) dérives. Avons-nous empêché le pire ? Dieu seul connait la réponse, mais désormais il devient de plus en plus difficile de faire le mal au sein de nos lieux de vie, car de plus en plus de personnes sont sensibilisées. Même s’il reste tant à faire !
Les quatre cellules sont variées dans leur composition ( certaines intègrent des « écoutants » algériens et même de non-chrétiens et parlent différentes langues) et elles varient aussi dans leur mode de fonctionnement. Un volet qu’il faut aborder avec discrétion, mais sans le passer sous silence, concerne les paroles reçus par les cellules d’écoutes depuis leur création il y a plus de trois ans. Nous avons mieux perçu l’étendue des situations possibles d’abus (violence physique, harcèlement, emprise, …) et de la sensibilité de ce travail. Parfois elles dépassent même la responsabilité de l’Eglise d’Algérie (comme par exemple quand certaines personnes nous confient des expériences traumatisantes subies hors de l’Algérie). Une collaboration avec des experts œuvrant dans le même domaine (professionnels de la santé et du droit) à permis d’orienter certaines personnes. Nous remercions ceux d’entre vous qui nous ont fait part de soupçon, ou de soucis concernant le bien-être d’un frère ou d’une sœur. Cette collaboration est très précieuse et nous permet de joindre nos forces pour une Eglise toujours plus saine.
Il n’est pas toujours facile d’identifier s’il y a abus. C’est pourquoi nous sommes en train de préparer un outils que nous proposerons à vos familles, groupes et communautés à la rentrée et qui pourra nous aider à travers une étude de cas (fictifs) à mieux les identifier et à réfléchir à la conduite à tenir.
Qu’il s’agisse des activités de prévention, au sens large, ou des paroles entendue ans les cellules d’écoute, nous pourrions faire deux constats de manière globale:
a- des progrès ont été accomplis dans la prise de conscience concernant l’importance d’aborder les sujets de la sexualité et de l’autorité en cessant simplement de « subir ». Ce réveil au sein de la communauté chrétienne peut avoir, même indirectement, un effet domino autour de nous.
b- nos communautés se renouvelant chaque année avec des arrivées et des départs, et face à ceux qui « savent déjà » il y aura toujours des nouveaux « qui ignorent » tout ce qui a été entrepris dans ce domaine. Si la répétition est un principe pédagogique, elle peut agacer certains mais elle reste salutaire pour qui, souvent pour la première fois, découvre qu’il peut aborder ces sujets. Il y a donc un sentiment et un besoin d’éternel recommencement.
C’est un peu la raison de ces quelques lignes.
Le réseau des cellules d’écoute