Être petit est une béatitude
Du 13 au 15 septembre derniers, le pape François était en voyage apostolique au Kazakhstan. Un pays à peine plus vaste que l’Algérie, où les chrétiens sont une toute petite minorité (0,3 % de la population, soit environ 55.000 personnes pour 19 millions d’habitants). Les paroles prononcées par le pape le 15 septembre dans la cathédrale de Noursoultan m’ont touché. rejoignant de près notre réalité en Algérie. Les voici en partage : « […] Dans l’immensité d’un pays comme celui-ci, on peut se sentir ‘petit’ et insuffisant. Et pourtant, si nous adoptons le regard plein d’espérance de Jésus, nous faisons une découverte surprenante : l’Évangile dit qu’être petit, pauvre en esprit, est une béatitude, la première béatitude (cf. Mt 5,3), parce que la petitesse nous livre humblement à la puissance de Dieu et nous conduit à ne pas fonder notre agir ecclésial sur nos propres capacités. Et c’est une grâce ! Je le répète : il y a une grâce cachée en étant une petite Église, un petit troupeau ; au lieu de faire étalage de notre force, de notre nombre, de nos structures et de toute autre forme d’importance humaine, nous nous laissons conduire par le Seigneur et nous nous tenons humblement aux côtés des personnes. Riches en rien et pauvres en tout, nous marchons avec simplicité, proches des sœurs et des frères de notre peuple, apportant la joie de l’Évangile dans les situations de la vie. Comme le levain dans la pâte et comme la plus petite des graines jetées en terre (cf. Mt 13, 31-33), nous habitons les événements heureux et tristes de la société dans laquelle nous vivons, pour la servir de l’intérieur. Être petit nous rappelle que nous ne sommes pas autosuffisants : que nous avons besoin de Dieu, mais aussi des autres, de tous les autres : des sœurs et des frères des autres confessions, de ceux qui professent d’autres croyances religieuses que les nôtres, de tous les hommes et femmes de bonne volonté. Nous sommes conscients, dans un esprit d’humilité, que ce n’est qu’ensemble, dans le dialogue et l’acceptation mutuelle, que nous pouvons vraiment réaliser quelque chose de bon pour tous. C’est le devoir particulier de l’Église dans ce pays : ne pas être un groupe qui s’éternise dans les mêmes vieilles choses ou qui s’enferme dans sa coquille parce qu’il se sent petit, mais une communauté ouverte à l’avenir de Dieu, enflammée par le feu de l’Esprit : vivante, pleine d’espérance, ouverte à ses nouveautés et aux signes des temps, habitée par la logique évangélique de la semence qui porte du fruit dans un amour humble et fécond. De cette manière, la promesse de vie et de bénédiction, que Dieu le Père déverse sur nous par l’intermédiaire de Jésus, s’accomplit non seulement pour nous, mais aussi pour les autres. […]
+ Nicolas Lhernould
Evêque de Constantine et Hippone
[Le discours intégral du pape François à la cathédrale de Noursoultan est disponible en 9 langues sur le lien suivant : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2022/september/documents/20220915-kazakhstan-clero.html]