L’un des souhaits du pape François, dans le cadre de la démarche synodale initiée le mois dernier, est de pouvoir recueillir la contribution de ceux et celles qui sont habituellement peu entendus ou sans voix ; comme c’est le cas de nos frères et sœurs qui sont en prison. Parmi les fioretti d’Evangile vécus en milieu carcéral, celui-ci m’a touché, raconté par l’un des aumôniers de prison du diocèse de Constantine. Qu’il est précieux de recueillir de tels témoignages, qui illustrent d’une manière si belle quelque chose d’essentiel de ce que signifie « faire Eglise ensemble » !
« Visite à une des prisons où je peux visiter les détenus chrétiens. La nouvelle flambée de la Covid ne permet pas le parloir en face-à-face mais seulement à travers une vitre et un interphone. J’avais choisi de donner à réfléchir sur le texte du partage des pains que la liturgie avait proposé pour l’évangile du 17e dimanche ordinaire [25 juillet dernier ; Jean 6,1-15]. À un prisonnier, je demande si ce texte lui parle aujourd’hui. Immédiatement, il me répond :
Oui, bien sûr !
J’écarquille les yeux devant une certitude qu’il manifeste aussi spontanément :
Pourquoi ?
Parce que tous les dimanches nous faisons une tarte !
Une tarte ?
Oui, avec des gâteaux qu’on trempe dans du jus et qu’on mélange. Ça remplace le festin du dimanche que les chrétiens font à la fin de la prière.
Et alors ?
On partage avec ceux qui sont là. Mais, si on est trois ou quatre, la tarte est vite terminée et chacun reste sur sa faim.
Pourquoi le partage du pain par Jésus te fait penser à cette tarte du dimanche ?
Autrefois, il y a 19 ans que je suis en prison, je ne savais pas ce que Jésus avait fait. Mais depuis que j’ai lu ce texte, je fais toujours une prière avant de partager la tarte.
Et alors ?
Maintenant que je fais une prière avant de partager la tarte, il y en a assez pour tout le monde. Même si on est huit ou davantage à la partager, tout le monde a l’impression d’avoir mangé à sa faim. »
+ Nicolas Lhernould