Tout le monde sait qu’au Sahara il fait chaud en été, et même en hiver le temps est relativement moins froid que dans le nord du pays. Ceux qui le connaissent bien savent qu’il y a aussi des saisons, comme le printemps actuel, quand c’est plutôt le vent qui rend la vie difficile. Les vents de sable, voire des tempêtes de sable. Cette poussière apportée dans l’air entre partout : dans les yeux, les oreilles et les narines, dans les maisons et les voitures, sur les routes et dans les puits et surtout là où on vient de bien nettoyer et où le linge est en train de sécher (c’est la loi de la tartine beurrée qui tombe toujours du mauvais côté, non?!). Qu’il soit du nord ou du sud, de l’est ou de l’ouest, le vent semble vouloir partager les dunes avec tout le monde. Parfois il l’apporte jusqu’à la mer et même au-delà la mer pour ‘coloniser l’Europe’, en quelque sorte.
« Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va« . (Jn 3,8) dit Jésus. Oui, même aujourd’hui avec tous nos moyens scientifiques, nous ne pouvons pas vraiment prévoir avec précision ni la direction, ni la force ni le contenu des vents qui nous arrivent.
Et Jésus ajoute : » Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit.«
C’est un jeu de mot de la part du Seigneur, ou de l’évangéliste, car le mot grec pneuma sert à la fois pour le vent ou l’air ainsi que pour l’esprit (ou l’Esprit).
Pour nous, croyants, c’est l’Esprit saint qui nous arrive à tout instant, de toute provenance, portant toute sorte de grâce. Ce n’est pas le vent, avec ou sans sa redistribution des sables, qui compte au plus profond de notre foi. C’est l’Esprit saint, l’Esprit de Jésus, l’Esprit du Père, l’Esprit de la Sainte Trinité. C’est Dieu qui arrive ‘toujours et partout’.
Il y a dans la bible une autre référence au vent qui pourrait nous inspirer, celui du prophète Ezékiel (37, 1-14). « Je mettrai mon esprit en vous, et vous vivrez« . Dieu veut souffler sur une vallée de squelettes qui prendront vie pour redevenir des vivants et pour repeupler le pays qu’il leur donne. Un être sans esprit est mort. Un être plein d’esprit est vivant. Ainsi de nos âmes, ainsi de nous quand le Seigneur souffle son esprit sur nous, comme sur ces ossements ; et quand nous reprenons vie, nous ressuscitons et nous sommes nés de nouveau avec Jésus. C’est l’énigme que Jésus offre à Nicodème (Jn 3, 3).
Je vous invite, la prochaine fois que vous vous trouverez dans un vent de sable, de voir dans ces grains de poussière l’image de l’Esprit, les grains de sa grâce dans votre vie, apportés d’où et comment Dieu le veut. Gardez-les (quelques-uns, pas toute une dune !) comme souvenir de la bonté du Seigneur.
Touchez-les. Mettez un peu dans votre cierge. Priez Dieu, le Seigneur du Désert et sa sainte mère, Notre Dame des Sables. C’est tellement mieux que de les maudire et de jeter dehors tout ce vous avez dû balayer, avec les larmes et les grincement de dents, non ?
Vivons dans la joie de l’Esprit.
Mgr John MacWilliam