Une Église de chrétiens et de non chrétiens

Le 17 octobre, le Pape François va donner officiellement le coup d’envoi de la démarche synodale sur la synodalité de l’Église, c’est-à-dire, étymologiquement, sur la façon dont nous marchons ensemble. Cette démarche se terminera par une assemblée d’évêques, en octobre 2023. Un document de travail a été diffusé par lequel et il est demandé à chaque diocèse dans le monde de réfléchir autour de dix points. Le premier de ces dix points est sans équivoque : La question n’est pas seulement la façon dont nous marchons ensemble au sein de l’Eglise catholique, mais aussi, comment l’Église marche avec la société dans laquelle elle vit :

Dans l’Église et dans la société, nous sommes sur la même route, côte à côte. Dans votre Église locale, quels sont ceux qui “ marchent ensemble ” ? Quand nous disons “ notre Église ”, qui en fait partie ? Qui nous demande de marcher ensemble ? Quels sont les compagnons de voyage avec qui nous cheminons, même en dehors du cercle ecclésial ? Quelles personnes ou quels groupes sont-ils laissés à la marge, expressément ou de fait ?

Cette question touche notre Église d’une façon particulière tant nous savons que nous ne pouvons pas vivre et donner notre témoignage évangélique sans nos partenaires algériens musulmans : les personnes qui portent avec nous la responsabilité de nos activités, les étudiants qui étudient dans nos bibliothèques, les parents des enfants qui nous sont confiés, les responsables d’associations avec lesquelles nous travaillons, nos amis tous simplement. Bien loin de prétendre faire d’eux des chrétiens qui s’ignorent, force est de reconnaître que nous avons vie liée.

Quel est dès lors le périmètre de notre Église ? Il ne se dit pas en termes de territoire mais en termes de relation. De même que le pape François dit que la fraternité est la nouvelle frontière de l’humanité, de même nous pouvons penser que la fraternité est la frontière de notre Église. C’est au titre de cette fraternité plus forte que les différences religieuses que nous pouvons oser dire que notre Église en Algérie est une Église de chrétiens et de non chrétiens.

+ fr. Jean-Paul Vesco op, évêque d’Oran