Bienheureux !

Bienheureux !

Quand le Père Tessier est mort, le Père Modeste d’Oran m’a dit : « c’est le 20ème bienheureux d’Algérie ! » On ne s’imaginait pas que le 21ème allait le rejoindre aussi rapidement….

Le Père Thierry a rejoint le Père le 25 janvier, après avoir lutté contre le corona….

Pour qui a connu Thierry, une chose nous reste, sa façon d’appeler tout le monde « mon grand » ou « ma grande » qui nous faisait sentir que nous étions quelqu’un de particulier pour lui… alors qu’en fait c’était lui qui était particulier.

Particulier car il parlait couramment 7 langues ce qui lui permettait de rentrer en contact avec presque tout le monde.

Particulier car il a été directeur national des écoles chrétiennes d’Algérie au temps de la « grande époque » ce qui faisait qu’il était connu comme « le loup blanc » dans les milieux algériens ce qui lui permettait d’ouvrir beaucoup de portes qui seraient restées fermées sans lui.

Particulier car il était le vicaire de Pierre Claverie quand il a été assassiné et qu’il était chez les moines de Tibhirine dans l’accueil quand ils ont été enlevés…

Particulier enfin parce que sa vie était donnée jusqu’au bout.

Il venait dire la messe de Noël chez nous en espagnol pour les cubains jusqu’à ce que Jean Paul (l’évêque d’Oran) nous demande de ne plus le lui demander, car la dernière fois qu’il était venu il était tombé malade en rentrant à Oran car c’était devenu trop pour lui.

Mais surtout sa vie était donnée aux migrants et prisonniers sub-sahariens dont il s’occupait avec patience et amour depuis plusieurs années. Sa donation à ses fr

ères migrants était comme l’accomplissement de sa vie. Il était leur Père dans tous les sens du terme !

Alors quand à son enterrement le Père Jean-Paul nous a annoncé que Thierry ne serait pas enterré dans le caveau des prêtres et des évêques mais dans la tombe creusée pour un migrant, les larmes nous sont montées aux yeux. C’était tellement beau de voir nos 6 frères migrants porter le corps de Thierry pour le faire reposer parmi eux. C’était comme si après la messe l’Eglise leur rendait leur Père ! alors que nous avions tous une bougie allumée dans les mains pour l’accompagner nous savions que c’est à eux qu’il appartenait !

Le diocèse a décidé de faire construire une stèle sur la tombe du père Thierry avec tous les noms des frères migrants qui sont morts et enterrés quelque part dans ce cimetière… avec le 21ème bienheureux d’Algérie !

Sr Isabelle fmm

Aïn Sefra, 20 mars 2021

Église Catholique d'Algérie