Au sein de la COSMADA, témoignage d’une focolarine

Cette conférence des supérieurs majeurs ou de leurs délégués en Algérie réunit annuellement les responsables au plus haut niveau des communautés de religieux et religieuses qui ont des membres actifs en Algérie. Y participent également comme invités les nouveaux mouvements et les laïcs consacrés.

La rencontre a lieu sur trois jours. Les travaux préparés par le bureau, se sont déroulé avec une alternance de communication de son Excellence le Nonce Mgr Mattew Kurian, des évêques des 4 diocèses d’Algérie, d’un exposé du P.Nicolas en deux temps, d’échanges en groupe, de témoignages, le tout au milieu de multiples rencontres et dans une atmosphère de grande fraternité.

Monique Moulas, dans votre programme, il y avait « réflexion sur les différentes manières à se sentir Église ». Quelle est votre impression sur cette réflexion ?

Oui, le Père Nicolas nous a accompagné dans une très riche réflexion sur l’Église. Il était utile de mettre en commun nos aspirations à vivre en Église ici en Algérie, pays dans lequel la plupart d’entre nous, membres des communautés religieuses, sommes étrangers. J’ai senti que ce travail d’analyse et de mise à distance pour mieux comprendre comment nous apprécions notre vie en église nous a permis de nous côtoyer et d’apprécier les sensibilités de chacun, une belle occasion de se connaître plus en profondeur…Cette proximité nous soutient dans nos questions sur le sens de notre présence. J’ai été impressionnée d’être témoin d’expériences si belles, de vies données pour la présence du Royaume. Les charismes sont multiples, mais pour tous, le contexte est difficile, et la fécondité est éprouvée, que ce soient les religieuses hospitalières, les travailleurs sociaux, les habitués de pastorales démonstratives, … Tous passent des épreuves de dépouillement édifiantes et témoignent de l’amour de Dieu dans leur chair. Nous avons aussi mis en commun quelques besoins comme la vie autour des lieux de St Charles de Foucauld, ou la vie à Ténès. Le P.Nicolas a proposé une lecture inspirée de ces épreuves, comme un appel à un renouvellement et à retrouver un essentiel qui rejaillit sur l’ensemble de nos congrégations.

Notre « nouveau mouvement », les Focolari, nous sommes venus en Algérie, il y a plus de 60 ans à l’appel de l’église d’Oran, à un moment où la fondatrice des Focolari, Chiara Lubich, se sentait appelée à partager son expérience de l’amour de Dieu à des personnes de confession musulmane. Maintenant, après cette longue présence, la vie du charisme de l’unité a touché de nombreux cœurs. Aussi même les difficultés d’aujourd’hui (entre autres de refus de visa pour les permanents, le départ en France d’anciens) sont pour nous un temps de retour à l’essentiel de notre vocation. Nous comprenons que la fraternité expérimentée à l’échelle de petites communautés composées essentiellement de musulmans, a cette saveur de prophétisme, et que cela est d’un grand apport pour l’ensemble du mouvement.

Autre sujet au programme :« Quel sens a cette Église au milieu et au service d’un peuple non-chrétien ? » Quelles sont vos conclusions

Nos compétences professionnelles ou nos formations les plus approfondies sont toujours rabotées à la mesure de la rencontre de l’autre différent qui a tant à m’enseigner. J’ai aimé le témoignage de plusieurs d’entre nous. Le don de soi sort de nos catégories classiques, plusieurs ont exprimé la richesse de vivre simplement avec les gens, si souvent surpris par les signes du royaume dans les amitiés qui se fortifient sans arrêt avec les petites choses du quotidien. Certains ont même suivi ici différents cours, se laissant enseigner dans une autre culture. Beaucoup ont témoigné, reprenant l’invitation de Monseigneur le Nonce, combien la fragilité de notre présence ici, loin de nous mener à la résignation, est en fait perçue comme un appel puissant à une plus grande intériorité et radicalité. J’ai été édifiée par des frères et des sœurs heureux et disponibles. J’ai aimé partager la gratitude pour ce chemin de vie avec un peuple musulman, où nous nous sentons tous d’un même peuple de Dieu.

Propos recueillis par Didier Lucas

 

 

Église Catholique d'Algérie