Le CCU d’Alger agrandit toujours plus son service culturel en ouvrant ses portes à de jeunes artistes algériens, tous heureux de se faire connaître au grand public.
Ce sera le cas ce samedi de juin, avec le vernissage de l’exposition de Monsieur Nourredine Yahiaoui au CCU des sciences sociales. Ses œuvres toutes empreintes de couleur vives et variées dans un style unique attirent ; on a envie d’entrer un peu plus dans l’univers de cet artiste au talent indéniable.
Nourredine, comme tout le monde l’appelle ici, a aussi un parcours très mouvementé. Enfant, il écoute les chansons de Jacques Brel et la musique Chaabi, un répertoire varié qui trouve un écho particulier dans son coeur. De Thénia, sa ville natale, le chemin semble tout tracé vers une administration du secteur de la santé, comme ce fut le cas pour son père et ses frères, Mais voilà qu’au lycée M. Arezki Larbi, son professeur d’arts plastiques, suscite en lui le goût de la liberté et du dessin. Son échec au bac, malgré de très bonnes notes au contrôle continu, est un premier signe que le chemin n’est pas rectiligne.
Mais il lui faut bien gagner son pain et finalement il travaille, comme prévu, dans le secteur médical administratif « c’est l’ennui à mort » pour celui qui rêve de beauté, d’art et qui aime plonger dans la mer et contempler la nature de sa belle région. Jusqu’au jour où tombe entre ses mains « un cadeau du ciel » sous la forme d’un calendrier avec de belles reproductions des grands peintres algériens qui réveillent sa soif de beauté enfouie. Pour l’assouvir il doit s’instruire et apprendre un peu de technique, il rêve de faire les Beaux-Arts. Il arrive trop tard à Alger pour passer ce concours, ce qui compromet son projet. Fort heureusement une nouvelle école s’ouvre dans sa région natale, à Azazga : « J’y ai passé deux années merveilleuses pleines de rencontres avec d’autres jeunes artistes qui enrichissent mon regard ». C’est au cours de cette période qu’il se familiarise avec la littérature et lit les grands auteurs classiques algériens et français. Malheureusement en 1990 survient la décennie dite noire, de l’Algérie : Azazga se trouve dans une zone à grands risques, l’école ferme pour la sécurité des étudiants. Les atrocités et la laideur de cette période traumatique peuvent encore transparaître aujourd’hui dans ses oeuvres.
« Pour moi la création est le remède à la souffrance, il nous faut la transformer en beauté universelle comme l’est la souffrance ».
Si on voulait donner une caractéristique à Nourredine c’est l’humilité qui vient en premier. On peut le rencontrer dans les rues d’Alger avec son petit sac noir, ne sachant pas encore où il passera la nuit prochaine… une manière pour lui de chercher l’inspiration ?
Avant de vendre quelques-unes de ses œuvres pour subvenir à ses besoins et continuer sa production artistique, il aurait besoin d’un emploi, ce qui, en cette période, n’est pas évident, mais nous pouvons croire avec lui et en sa bonne étoile, et les cadeaux du ciel, il en a fait un peu l’expérience ! !
Didier Lucas