Ce samedi matin Alger est dans la brume, mais en arrivant à Notre Dame d’Afrique le soleil est là et la chaleur moite nous a devancés.
La basilique reçoit beaucoup de visites mais le promontoire avec sa vue imprenable est aussi un terrain de jeu pour les enfants, un but de promenade pour les familles, le lieu à visiter à Alger pour tout touriste qui se respecte ! Avec ce panorama unique le nombre de photos et de selfies pourrait rendre Madame l’Afrique jalouse mais elle est certainement heureuse de voir ses enfants qui se côtoient en ce lieu convivial sans distinction de religion .
Cette nombreuse affluence produit des déchets, « norrrmal » comme on dit ici et les abords de la Basilique se couvrent chaque année d’une herbe multicolore composée de bouteilles en plastique, papiers d’emballage, paquet de cigarettes et toute la panoplie que nous connaissons bien.
Mais aujourd’hui les ‘gardiens de la basilique’ organisent une activité écocitoyenne de nettoyage pour une ‘saison 2’ . L’an dernier ils étaient 60-70 personnes au rendez-vous mais aujourd’hui seulement une douzaine d’écocitoyens sont à pied d’œuvre : on enfile des gants de protection et un sac poubelle est distribué à chacun par le père José qui gère la situation. Les bouteilles en plastique sont ramassées à part pour le recyclage, douze sacs seront récupérés, le reste sera repris par l’entreprise de la wilaya chargée de ce travail. Voyant la détermination des organisateurs, l’entreprise a apporté sa contribution en désinfectant tous les abords de l’édifice.
La pause désaltérante permet de faire connaissance, Miloud, sans travail, mais qui rêve de faire de l’agriculture, ne se pose pas la question du pourquoi se fatiguer à nettoyer, tant Madame l’Afrique lui appartient. Mohamed, lui, aime l’atmosphère qui s’exhale autour et à l’intérieur de ce lieu et ce tapis d’herbe coloré trouble l’ambiance. Trois jeunes filles, touristes de passage font des selfies sur le promontoire : rapidement le père José, avec son affabilité et son enthousiasme les invite à aider au nettoyage et c’est sans aucune hésitation qu’elles « descendent dans l’arène » malgré leurs vêtements peu appropriés.
Bien entendu la famille des Pères Blancs est aussi de la partie et c’est tout naturellement qu’après deux heures de travail sous la chaleur on se retrouve chez eux pour un thé et pour continuer à faire connaissance. On se restaure, des liens se créent, on échange les numéros de téléphone, finalement l’écologie rapproche les peuples :si seulement cela était vrai à l’échelle de la planète !
Force est de constater que Madame l’Afrique est au-delà de nos religions puisque la grande majorité des écocitoyens étaient musulmans. Au vu du petit nombre de bénévoles on peut en déduire que les réseaux sociaux n’ont pas très bien joué leur rôle : bizarre, très bizarre.
Osons un souhait : que ce lieu reste en l’état très longtemps ! Les paris sont lancés, pour combien de temps, un mois, trois mois, une année ?
Didier Lucas