à l’écoute l’écoute de nos Pères… IV

A L’ECOUTE DE NOS PERES …

Saints Alype de Thagaste (Souk Ahras) et Possidius de Calama (Guelma)

Alype et Possidius

« Vitrail des fidèles disciples – Basilique d’Hippone -Transept droit

Les deux immenses figures patristiques du mois d’août en Afrique du Nord sont bien entendu saint Augustin, fêté le 28, et sa maman sainte Monique, commémorée la veille. Quelques lignes ne peuvent suffire à évoquer l’un et l’autre. Nous leur réserverons plus tard une série de ces petits billets sur les Pères et Mères de l’Eglise.

Moins connus sans doute, nous faisons également mémoire le 30 août des saints Alype de Thagaste (aujourd’hui Souk Ahras, la ville de naissance d’Augustin) et Possidius de Calama (la ville actuelle de Guelma). L’un et l’autre, contemporains et proches d’Augustin furent évêques de chacune de ces deux cités.

Alype naquit à Thagaste aux alentours de l’an 360, quelques années seulement après Augustin, qui deviendra plus tard son professeur de rhétorique. Il le suivra à Carthage où, comme lui, il sera séduit par la philosophie manichéenne, avant de poursuivre des études de droit à Rome, qui le conduiront à exercer de hautes fonctions dans l’administration financière de l’empire. Il fut baptisé à Milan le même jour qu’Augustin, le 25 avril 387, et repartit avec lui en Afrique pour y partager une expérience de vie monastique, à Thagaste puis à Hippone. Ordonné prêtre après Augustin, il deviendra avant lui évêque de leur ville natale, après un voyage en terre sainte où il rencontra notamment saint Jérôme, qui s’employait à traduire la bible en latin. Augustin, avec lequel il restera en amitié jusqu’à l’année de leur mort en 430, parle d’Alype avec grande affection, aux livres VI et IX de ses Confessions, soulignant sa force d’âme et sa probité devant les tentations que le clientélisme présentait souvent dans les milieux d’argent de l’empire de l’époque, parlant aussi de lui comme d’un compagnon de route et de recherche à chaque étape de leurs existences.

Possidius ne nous est connu qu’à partir de l’année 390, lorsqu’il rejoignit Alype et Augustin dans l’expérience de vie monastique que ces derniers menaient à Hippone depuis 388 avec quelques autres compagnons. De cette vie commune naquit une amitié spirituelle très forte entre Augustin et Possidius, qui deviendra plus tard son biographe. Selon la manière de l’époque, il fut élu vers l’an 400 évêque de Calama. Possidius s’engagea courageusement dans la résolution théologique et pastorale de la question donatiste, qui ébranlait l’Afrique du Nord depuis l’an 312. Son sens de la diplomatie encouragea ses confrères à lui demander de se rendre à Rome pour convaincre l’empereur Honorius d’organiser la conférence contradictoire avec les donatistes, qui se tiendra finalement à Carthage en 411, et qui marquera le moment décisif de la résolution de la crise. En 428, les Vandales prennent Calama et Possidius trouve refuge à Hippone auprès d’Augustin. Il assistera à sa mort le 28 août 430 et ne retournera à Calama que vers 437, d’où il sera chassé par le roi vandale Genséric. La date de son décès ne nous est pas connue.

Les figures d’Alype et de Possidius rappellent l’importance des amitiés spirituelles, du partage et du soutien mutuel, de la recherche commune de Dieu ; également, à travers la relation fraternelle étroite qu’ils entretinrent l’un et l’autre avec Augustin, cette manière de Jésus d’envoyer ses disciples « deux par deux » (cf. Luc 10,1). L’oraison de leur fête le souligne par ces mots : « Pour le plus grand bien de tes fidèles, Seigneur, tu as voulu qu’une étroite amitié unisse à saint Augustin les évêques Alype et Possidius ; ils ont guidé ton peuple par leur vie et leur enseignement ; qu’ils le soutiennent par leur intercession et obtiennent aux pasteurs de ton Eglise d’être toujours unis par des liens fraternels ».

+ Nicolas Lhernould

2 Août 2021 | A la une, Eglise d'Algérie

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