A L’ÉCOUTE DE NOS PÈRES …

On appelle « Pères de l’Église » (il y eut aussi bien évidemment des « Mères »), les personnalités chrétiennes des premiers siècles, laïcs, religieux, clercs, dont la vie et les écrits ont particulièrement marqué l’histoire de l’Église et l’approfondissement de la foi chrétienne en ses commencements. La période dite « patristique » s’étend depuis la mort de l’apôtre saint Jean, à la fin du Ier siècle, jusqu’à celle de saint Isidore de Séville en Occident, le 4 avril 636, et de saint Jean Damascène en Orient, le 4 décembre 749. Les Pères et les Mères de l’Église ont été nombreux dans le Nord de l’Afrique : Cyprien, Augustin, Monique, Optat, Fulgence ou Tertullien, pour ne citer que quelques-uns des plus connus. Cette rubrique se propose de nous aider à mieux les connaître, non par souci d’érudition, mais en lien, autant que possible, avec notre vie aujourd’hui.

LE « MOIS DE MARIE »

Le mois de mai est traditionnellement appelé le « mois de Marie« . L’expression doit beaucoup aux Pères Jésuites, qui publièrent sous ce titre, au début du XVIIIe siècle, plusieurs ouvrages spirituels et pastoraux. Au XIIIe siècle, Alphonse X le Sage (1239-1284), roi de Castille, avait déjà mis en relation dans l’un de ses poèmes la beauté de Marie et celle du mois de mai. En Afrique du Nord, deux fêtes marquent plus spécialement ce « mois de mai spirituel », pour reprendre le titre d’un ouvrage écrit en 1549 par un moine bénédictin : le dernier jour d’avril, la fête de « Notre Dame d’Afrique », patronne du diocèse d’Alger, et le 24 mai, celle de « Notre Dame de Carthage », en Tunisie ; avec bien sûr, au calendrier universel de l’Église, la fête de la Visitation, le 31 mai, si chère à nos « Eglises de la rencontre » dans le Nord de l’Afrique.

La plus ancienne prière mariale connue à ce jour, écrite en grec, a été retrouvée en Égypte, vers 1928, sur un papyrus conservé à Manchester, daté du IVe siècle, pour certains même, du IIIe. Forme primitive du « Sub tuum praesidium – Sous l’abri de ta miséricorde », cette prière exprime la vénération qu’avaient les premiers chrétiens pour la Vierge Marie. « Vénération », et non « adoration », qui est due à Dieu seul. Les chrétiens se tournent vers Marie en la vénérant pour la grâce que Dieu lui a fait d’enfanter sa Parole en ce monde ; en recourant à son intercession « maintenant et à l’heure de notre mort » ; en contemplant en elle un modèle à imiter. Ce papyrus rappelle également que, dans les premiers siècles, le christianisme est venu en Afrique du Nord certes du monde latin, mais sans doute même d’abord, de l’Orient, en particulier de l’Égypte.

« Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, ô Mère de Dieu ; n’induis pas en tentation ceux qui te prient, mais délivre-nous du péril, seule chaste et bénie ».

Papyrus 470 de la John Rylands Library, cité et traduit par Hamman, A., Prières des premiers chrétiens, n° 107, Paris 1952.

+ Nicolas Lhernould

Église Catholique d'Algérie